Le 42ème Festival d’animation d’Annecy ouvre ses portes aujourd’hui 

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Conflit israélo-palestinien, Khmers rouges au Cambodge, talibans en Afghanistan, guerre en ex- Yougoslavie: le Festival du film d’animation d’Annecy s’ouvre lundi pour une 42e édition à la tonalité politique et historique. Pendant six jours, plus de 500 films seront projetés sur les rives du lac de Haute-Savoie, dont plus de 200 en sélection officielle, lors de ce rendez-vous de référence mondiale en matière d’animation, qui prendra le pouls du monde. «On sent le poids de l’état du monde, de l’actualité qui s’immisce dans les films, et une volonté des réalisateurs de prendre position, ou à tout le moins d’énoncer un point de vue sur l’état du monde dans lequel on vit», explique Marcel Jean, délégué artistique du festival. Parmi les dix longs métrages en compétition, plusieurs aborderont ainsi des sujets d’actualité ou d’histoire, comme le documentaire animé canadien de Cam Christiansen «Le Mur» («Wall»), d’après un scénario du dramaturge britannique David Hare, sur le mur séparant Israël et la Palestine. «Funan» du Français Denis Do racontera l’histoire d’une jeune femme pendant le régime des Khmers rouges, tandis que «Parvana, une enfance en Afghanistan», de l’Irlandaise Nora Twomey, se penchera sur la vie d’une petite fille sous le régime taliban, qui se déguise en garçon pour faire vivre sa famille.

Ocelot de retour : Hors compétition, «The Tower» du Norvégien Mats Grorud évoquera 70 ans de conflit israélo-palestinien à travers l’histoire d’une fillette vivant dans un camp de réfugiés, et «Chris The Swiss», documentaire utilisant l’animation déjà présenté à la Semaine de la critique au Festival de Cannes, se lancera sur les traces d’un journaliste assassiné pendant le conflit en ex- Yougoslavie. Quant à «Un homme est mort» du Français Olivier Cossu, adaptation de la bande dessinée éponyme de Kris et Étienne Davodeau, il retrace une bavure survenue en 1950 à Brest lors d’une manifestation d’ouvriers en grève. Le festival s’ouvrira lundi soir avec la projection en avant-première de «Dilili à Paris», le nouveau film, situé dans le Paris de la Belle Epoque, de Michel Ocelot, 74 ans, père de «Kirikou» et pape de l’animation française. Un secteur de l’animation française qui en profitera peut-être pour exprimer ses inquiétudes après l’annonce de la suppression de la TNT de France 4, chaîne faisant la part belle aux dessins animés. Le Syndicat des producteurs de films d’animation, qui redoute une chute de l’audience de France 4 avec cette future bascule sur internet, a appelé à «reconsidérer une décision brutale et non concertée». Le film d’Ocelot sera précédé par la projection, symbolique, de «Have a nice day» du Chinois Liu Jian, qui avait dû être déprogrammé à Annecy l’an dernier après le refus des autorités chinoises d’accorder une autorisation de sortie au film. Projeté en compétition à Berlin en 2017, il dépeint une Chine urbaine gangrenée par les dérives du capitalisme et l’obsession de l’argent.

Brésil et femmes à l’honneur : Le Brésil sera cette année à l’honneur, avec notamment un film en compétition, «Tito et les Oiseaux», et trois programmes de courts métrages abordant des sujets de société tels que la déforestation. En pleine vague «MeToo», les femmes seront aussi sur le devant de la scène avec l’organisation lundi des deuxièmes Rencontres internationales des femmes dans l’animation. L’association Women in Animation, qui co-organise ces Rencontres, recevra d’ailleurs le prix du Marché international du film d’animation d’Annecy (MIFA).