A. HOLMES (France 3) : «Nous tirons les enseignements du succès « Capitaine Marleau » pour faire une autre série»

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Anne HOLMES, Directrice de l’Unité Fiction de France 3

La fiction de France 3 n’a jamais été aussi puissante. Pour cette nouvelle saison, la chaîne va diversifier son offre en renouvelant à la fois ses séries, en développant des unitaires de société, en proposant des films d’auteurs, et en poursuivant la féminisation de son antenne avec de nouvelles héroïnes. Rencontre avec Anne HOLMES, Directrice de l’Unité Fiction de France 3.

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La fiction de France 3 cartonne. Avez-vous trouvé la formule gagnante ? 

ANNE HOLMES

Chaque case est un enjeu. Ce n’est pas parce qu’une fiction cartonne, que le schéma va se reproduire automatiquement. Il faut se poser les bonnes questions, se renouveler et surtout ne pas laisser les rendez-vous ronronner. L’important est de prendre des risques tout en lançant des œuvres pouvant être intégrées par la suite, à d’autres moments de la journée. Nous voulons être dans la diversité de la fiction. La preuve, nous faisons «Capitaine Marleau», «Le Viol», «Commissaire Magellan», «La Consolation», «Cassandre»…

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«Capitaine Marleau» est un succès considérable. Avez-vous muscler les commandes ?

ANNE HOLMES

Pas forcément ! La comédienne n’est pas toujours libre. Ce qui est rare est précieux. Ce n’est pas parce que nous enregistrons un succès considérable que l’on doit mettre Marleau à toutes les sauces. En revanche, parce que c’est un succès considérable, nous devons comprendre pourquoi ça l’est. Pourquoi un personnage aussi atypique et décalé fonctionne-t-il à ce point ? Nous tirons aujourd’hui des enseignements de «Capitaine Marleau» pour faire une autre série.

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Ce qui fonctionne sur France 3, ce sont les anti-héroïnes ?

ANNE HOLMES

Ce qui marche aujourd’hui, ce sont les héroïnes sincères, qui se battent dans leur vie, qui ont de la personnalité. Ces femmes de caractère sont «Cassandre», «La Stagiaire», «Capitaine Marleau». Elles ont une vie, du vécu, des envies et font ce qu’elles peuvent en dépit de ce qui se passe dans leur vie.

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Les fictions de France 3 se partagent entre les séries (60%) et les unitaires (40%). Cet équilibre oscille-t-il ?

ANNE HOLMES

Pas pour moi. Séries et unitaires sont difficiles à dissocier. «Meurtres à…», «Les lois de…» et «Les crimes en…» sont considérées comme des collections pour les téléspectateurs alors qu’en réalité ce sont des unitaires avec, à chaque fois, un nouveau casting, un nouvel enjeu, une nouvelle région et un nouveau producteur.

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Enjeu pour France 3, la féminisation des fictions. Où en êtes-vous ? 

ANNE HOLMES

Historiquement, nous avions des héros masculins récurrents sur France 3. C’était le cas avec «Le Sang de la Vigne» avec Pierre Arditi, «Magellan» avec Jacques Spiesser et «Mongeville» avec Francis Perrin. Nous étions vraiment en déficit de femmes. Nous avons donc féminisé l’antenne tout en la modernisant. Nos femmes sont ancrées dans une réalité. Dans «Tandem», nous parlons des rapports de couples. Dans «La Forêt», nous avons des héroïnes portées par Suzanne Clément et Alexia Barlier. Nous lançons la production des «Noces Rouges» (6X52’) avec Cristiana Reali. Il s’agit d’une grande saga familiale avec des éléments de polars, de tensions et de rivalités.

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Vos cases du mardi et du samedi font de l’ombre à la concurrence…

ANNE HOLMES

C’est jubilatoire de pouvoir séduire un large public. Les téléspectateurs viennent pour le rendez-vous. Le samedi consacré au polar, et le mardi à la société. Avec une moyenne de près de 3,7 millions de téléspectateurs et 15,6% de pda, les fictions de France 3 atteignent un niveau record inédit depuis 10 ans.

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Vous parlez aujourd’hui de «fictions du réel». Pourquoi ?

ANNE HOLMES

Moi je les appelle les fictions de société. Elles reflètent le monde contemporain ou le monde d’hier. C’est le cas avec «Le viol» sous l’angle du crime, «La consolation» sur le délit de prescription de Flavie Flament, «Les prisons pour femmes». Ces fictions sont suivies d’un débat, c’est un événement antenne.

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Avec «Plus Belle la Vie», la vie est un long fleuve tranquille ?

ANNE HOLMES

Je ne vois pas de signes d’essoufflement. Il y a des séminaires, des réflexions sur la série, sur les sujets traités. Les replay sont toujours aussi consommés. Les Prime de «Plus Belle la Vie» sont corrélés à la quotidienne. Il y en a deux par an. Il y a 3 ans, nous avons voulu les distinguer pour être plus libre mais la tentative n’a pas été concluante.

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Vous lancez des séries sans en arrêter aucune. Comment faites-vous ?

ANNE HOLMES

Bonne question ! L’année dernière, j’avais arrêté «Le sang de la vigne» et cette année «Agathe Koltès». «Le Village Français» s’est terminée naturellement. En réalité, il ne faut jamais enlever les séries existantes de la grille pour les remplacer par des nouvelles. Pendant un temps, il faut que d’anciennes et de nouvelles cohabitent.

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Quels sont vos nouveaux projets ?

CATHERINE NAYL

Je viens de commander un 6X52’ d’un feuilleton qui s’appelle «Apparence», un format québécois. C’est mon premier achat de format. C’est une série avec deux sœurs, l’une est actrice, l’autre institutrice. Cette dernière disparaît et c’est le début d’une enquête. Il s’agit d’une série d’atmosphère sur les rapports humains. Cela nous interpelle sur la place que l’on a dans une famille. Dans un autre genre, nous aurons «Aux animaux, la guerre», adaptée et réalisée par Alain Tasma avec Roschdy Zem. On y explore la zone péri-urbaine de la France. Ce n’est pas du tout édulcoré. Cette fiction devrait être diffusée dans la case du jeudi.