A l’IFA de Berlin, les technologies d’antan ont la cote

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Rembobiner, faire crépiter sa platine ou laisser sa photo instantanée sécher…autant de petits gestes au supplément d’âme qui reviennent en force, souvent avec une touche 2.0, dans les nouveautés high-tech de l’IFA, le salon de l’électronique européen. Ce n’est pas encore le retour de la soirée diapositives mais dans les allées de ce salon grand public à Berlin qui donne généralement la tendance des achats de Noël et s’achève mercredi, les technologies d’antan ont la cote. Polaroid, trônant fièrement au centre de l’espace dédié aux «nouvelles tendances», a présenté un nouvel appareil photo argentique, le One Step+. Il est en tout point semblable à son bon vieux boîtier iconique mais dispose du Bluetooth et d’une application Android/iOS. Chez Kodak, on propose également un appareil à développement instantané, le Printomatic, très maniable et au temps d’impression rapide… moins de 40 secondes pour une photo miniature en couleur ou en noir et blanc. «Pour la nouvelle génération, qui n’a aucune idée de la manière de prendre une photo à l’ancienne» (avec un viseur ndlr) «ou de ce que ça fait d’attendre une semaine qu’elles soient développées, c’est particulièrement cool», note Tobias Henze, porte-parole de l’entreprise iconique, qui a frôlé la mort avec l’arrivée de la photographie numérique. Qu’en font les utilisateurs après ? «Ils peuvent les distribuer, les encadrer, les mettre au mur ou dans un scrapbook», énumère-t-il. Les millenials – la génération née entre le début 1980 et le milieu des années 1990 – se reconstitue donc un monde vintage, à l’esthétique qu’ils jugent parfaitement «instagrammable». Les vrais nostalgiques, ceux qui ont manipulé jadis des cassettes audio, couramment appelées K7, des CDs ou des jeux vidéos simplistes, ont aussi trouvé à l’IFA leur machines sensorielles à remonter le temps, notamment au pavillon son et musique. Le japonais Yamaha a proposé une platine de très haute gamme, Vinyl 500, mais connectée au Wifi. Plusieurs start-ups surfent sur la mode des platines à emporter dans une valisette fluo ou sur des kits pour transformer rapidement son enceinte ou un coin de tablette en tourne-disques. Sony a commercialisé un lecteur audio très premium, le DMP-Z1, (13.000 dollars) en mettant en avant sa capacité à restituer, même sur de la musique digitalisée, la qualité sonore et le grain d’un… vieux 33 tours. La renaissance de la galette noire s’explique d’abord par la qualité du son, même si le débat entre partisans de l’analogique ou du numérique reste sans fin chez les mélomanes.

En France, les ventes de vinyles sont en constante progression depuis six ans. En 2017, elles représentaient 12,2 % du chiffre d’affaires du marché physique encore largement dominé par les ventes de CD, pourtant en chute. Aux Etats-Unis, selon l’institut de référence de l’industrie musicale Nielsen, les ventes de 33 tours ont représenté en 2017 14% des ventes d’albums, contre 11% l’année passée. Les ateliers de presse de vinyles fleurissent dans les usines désaffectées des capitales européennes, notamment à Berlin, ou des magasins de K7 font aussi leur apparition et attirent un public jeune et «hispter». Selon Klaus Böhm, du cabinet d’étude Deloitte Allemagne, «les formats anciens, en audio, vidéo, les négatifs ou les disques ont une large base d’utilisateurs, presque 50% du marché». «Je suis convaincu que nos usages multimédias vont coexister dans les années à venir avec ces formats d’avant et je conseillerais en effet de ne pas jeter ses vieux appareils de lectures», prévient-il. Sait-on jamais.