A. PINA & E. MARTINEZ (La Casa de Papel) : «C’est devenu la série non-anglophone la plus regardée de Netflix»

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Alex PINA et Esther MARTINEZ, Créateur & Scénariste de «La Casa de Papel»

Personne ne l’a vu venir. «La Casa de Papel» est l’un des gros succès de la saison sur Netflix. A l’origine diffusée en Espagne sur la chaîne Antena 3, la série a été mise sous le feu des projecteurs à l’international depuis sa mise en ligne sur la plateforme de vidéo à la demande, fin 2017. Elle est devenue la série non anglophone la plus regardée de Netflix. L’annonce d’une saison 3 a été officialisée le 18 avril. Dans le cadre du Festival de Télévision de Monte-Carlo, nous avons pu nous entretenir avec Alex PINA et Esther MARTINEZ, respectivement Créateur et Scénariste de «La Casa de Papel».

MEDIA +

En écrivant le scénario de «La Casa de Papel», imaginiez-vous un instant que la série serait un succès à l’international ?

ALEX PINA 

Parler de façon rétroactive, c’est facile. Mais si nous savions que la série rencontrerait un tel succès, nous aurions peut-être initié plusieurs séries à la fois. En écrivant le premier chapitre de «La Casa de Papel», je me suis dit que la série allait plaire en Espagne et aurait peu-être des repercussions au niveau international en termes de ventes. En revanche, je ne pensais pas que le succès allait être de cette envergure.

ESTHER MARTINEZ 

Lorsqu’on commence à écrire les personnages d’une série, on se demande si les gens vont adhérer. Je suis convaincue que le téléspectateur a apprécié la profondeur des émotions de nos personnages.

MEDIA +

En devenant un phénomène mondial grâce à Netflix, comment avez-vous vécu la montée en puissance de «La Casa de Papel» ?

ALEX PINA 

Nous n’avions aucune attente sur le fait que «La Casa de Papel» allait devenir un phénomène mondial. On s’est juste beaucoup amusés à la créer. La série a été produite pour Antena 3 qui l’a diffusée en Espagne. Lors du lancement international fin 2017 sur Netflix (dans une soixantaine de territoires, ndlr), nous n’avions pas fait de campagne de communication. Personne n’y croyait vraiment. En février 2018, nous nous sommes rendus Esther et moi à un festival de séries en France et là, Netflix nous a appelés en nous disant : «C’est un succès exceptionnel». («La Casa de Papel» est devenue la série non anglophone la plus regardée de Netflix, ndlr).

ESTHER MARTINEZ

Depuis, nous vivons ce succès avec beaucoup de légèreté et d’humilité. Nous sommes très fiers d’être aux côtés de fictions américaines de haute qualité qui ont dix fois plus de budget que nous. C’est une chose qui arrive une fois dans la vie. Nous en profitons.

MEDIA +

D’où vous est venue l’idée du scénario de «La Casa de Papel» ?

ALEX PINA 

L’inspiration est venue de notre fascination du braquage parfait. Cela vient des séries américaines et des thrillers basés sur des paramètres masculins parfois assez violents. On souhaitait deux saisons très compactes. On a donc décidé de mettre en scène le braquage de la Maison de la Monnaie à Madrid, ce qui n’a jamais été fait. Esther et moi-même avons été inspirés par Quentin Tarantino et «Breaking Bad».

MEDIA +

Quel était le budget original ?

ALEX PINA 

565.000€ en moyenne pour un épisode de 70’. Tous les chapitres ne valaient pas la même chose. On pouvait aisément monter à 590.000€, notamment lors du chapitre 1.

MEDIA +

Avec la 3ème saison en cours de production, «La Casa de Papel» devient un «original» de Netflix. Qu’est-ce que cela change ?

ALEX PINA 

Nous avons beaucoup plus de pression sur nos épaules, d’autant qu’il y a des millions de fans qui attendent la suite. Quand Netflix nous a appelés pour commander une 3ème saison, on s’est demandés si nous aurions une bonne idée. Au bout de deux mois, on a recontacté Netflix pour leur soumettre une idée. Ils nous ont répondu : «c’est merveilleux !».

ESTHER MARTINEZ 

Sur les deux premières saisons, nous voulions une fin déterminée. Sur la troisième saison, les personnages auront changé et évolué, d’autant qu’ils sont millionnaires. Difficile pour eux de revenir dans la criminalité. Après une première saison en 13 volets et une deuxième en 9 épisodes, on avait prévu de travailler la troisième saison sur le format espagnol de 18 épisodes de 70’. Puis nous avons réduit le nombre de volets à 15, mais le format international correspond à 22 chapitres de 45’…. On verra bien ce qu’il en est. Nous voulons instaurer un nouveau compte à rebours pour captiver les téléspectateurs.

MEDIA +

Les deux premières parties avaient une construction en puzzle avec beaucoup de flashbacks et d’aller-retour, ce qui renforçait la narration. Allez-vous poursuivre dans cette voie ?

ALEX PINA 

On ne peut pas trop en parler. Cependant, nous travaillons autour de la fragmentation du temps. Le public est expert en séries. On peut donc s’octroyer une grande liberté avec la notion de déconstruction du temps. C’est un des points sur lesquels nous travaillons.

ESTHER MARTINEZ 

On démarrera le tournage de la troisième saison à l’automne, une fois que nous aurons écrit les cinq ou six premiers volets, puis on poursuivra l’écriture au fur et à mesure.