Catherine PUISEUX, Coordinatrice RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) à TF1 et co-fondatrice d’Ecoprod
Alors que la COP 21 vient de débuter à Paris, le secteur de l’audiovisuel s’investit de plus en plus dans le développement durable pour réduire notamment son impact sur l’environnement. Afin d’en savoir davantage, média+ s’est entretenu avec Catherine PUISEUX, Coordinatrice RSE à TF1 et co-fondatrice d’Ecoprod.
media+
Ecoprod est une démarche collective lancée en 2009 par des acteurs du secteur audiovisuel pour engager la filière dans la prise en compte de son empreinte environnementale. Comment les choses avancent-elles ?
Catherine PUISEUX
Pour une meilleure prise en compte de l’environnement dans les productions audiovisuelles, plusieurs acteurs du secteur (ADEME, AUDIENS, Commission du Film d’Île de France, DIRECCTE IDF, France Télévisions et TF1) ont lancé la démarche Ecoprod et créé le collectif en 2009. Depuis, nous avons été rejoints par d’autres partenaires : la Région Provence- Alpes-Côte d’Azur, le Pôle Media Grand Paris et le CNC. Chaque entreprise est responsable de son empreinte environnementale, mais nous devons avoir une démarche collective pour faire avancer les choses. Cela demande un effort considérable puisqu’il y a 7.000 entreprises de productions en France. Les partenaires d’Ecoprod apportent chacun 10.000 € par an. Nous fonctionnons donc avec un budget annuel récurrent de 70.000 €. Les outils que nous développons sont absolument gratuits pour les utilisateurs. C’est le cas de «Carbon’ Clap», une application d’évaluation carbone des productions audiovisuelles. Ce calculateur a été développé pour être utilisé directement par des directeurs de production. Il suffit d’entrer des indicateurs quantitatifs (jours de tournage, camions loués, billets d’avion utilisés,…) et cela va donner des facteurs d’émission carbone. Nous éditons aussi des guides d’écoproduction ainsi que des fiches pratiques par thème.
media+
Le taux de carbone des programmes TV baisse-t-il significativement ?
Catherine PUISEUX
Pas suffisamment ! Ecoprod initie de nombreuses campagnes de communication en vue de sensibiliser les acteurs de l’audiovisuel pour réduire leurs consommation d’énergie. A TF1, depuis 2010, la consommation d’énergie baisse systématiquement chaque année. Nos entreprises ont une démarche de responsabilité sociétale avec un volet environnemental. En mars 2014 par exemple, Ecoprod a ciblé non pas les producteurs mais les prestataires de l’audiovisuel en leur proposant de s’engager à «La Charte Ecoprod». Lorsqu’ils la signent, nous leur consacrons une formation et ils s’engagent dans une démarche d’amélioration continue qui les amène à bénéficier d’un logo certifiant qu’ils sont engagés dans la réduction de l’empreinte environnementale.
media+
Quels sont les principes à respecter pour accéder à «La Charte Ecoprod» ?
Catherine PUISEUX
Cela dépend de la nature de la prestation. Mais l’idée est de pouvoir mesurer son empreinte carbone et sa consommation d’énergie. Ils cherchent ensuite à réduire les gaz à effet de serre. Cela passe par une maîtrise des transports et des déchets générés par l’activité. Nous comptabilisons déjà 55 signataires qui sont des studios, des loueurs ou encore des vendeurs de matériels professionnels.
media+
L’écoproduction existe-t-elle vraiment en 2015 ?
Catherine PUISEUX
C’est une démarche qui se développe mais qui reste assez unitaire. L’écoproduction doit devenir un standard. Pour ce faire, nous avons été rejoints par Film4Climate, initiative de la Banque Mondiale dans le cadre du programme Connect4Climat. Pour porter nos initiatives, nous sommes rejoints par toutes les commissions du film en Europe. Nous invitons les producteurs de cinéma et d’audiovisuel à prendre part à un plan d’action en faveur, d’une part, de la réduction de l’impact environnemental de la production d’un film, et d’autre part, de la sensibilisation à la problématique du changement climatique.
