A. WEILL (Altice France): « On se donne 3 ou 4 ans pour que RMC Sport soit rentable »

813

Avec un bouquet de six chaînes de TV, plusieurs canaux événementiels et une plateforme digitale unique, RMC Sport sera proposée dès le 3 juillet en option à 9€/mois aux clients fixe ou mobile de SFR, et à 19€/mois pour les non-abonnés. Entretien avec Alain WEILL, PDG de Altice France.

RMC Sport est une chaîne va coûter très cher à faire fonctionner. Comment comptez-vous équilibrer les comptes ?

Alain WEILL : Pour un opérateur mobile comme SFR, c’est un investissement évidemment très important qui doit être resitué à la hauteur de ce qu’est un opérateur télécom : 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 3,7 milliards de résultats et 350 millions d’euros de droits pour la Ligue des Champions. C’est totalement pensé et réfléchi. RMC Sport sera une offre extrêmement attractive qui s’appuie sur ses six chaînes et sa plateforme digitale pour faire vivre une expérience fluide, intuitive et innovante avec des services multiscreen et enrichis. Nous diffuserons en intégralité et en exclusivité la Ligue des Champions (2018-2022) et la Ligue Europa (2018-2022), soit 343 rencontres au total par saison. Nous continuerons à proposer la Premier League Anglaise, la Liga Portugaise, le championnat anglais de rugby, le basket Jeep Elite, la boxe, l’athlétisme, les sports de glisse, de combat, extrêmes ou encore l’équitation. RMC Sport devient ainsi la principale plateforme de diffusion du sport en France. On se donne trois ou quatre ans pour être rentable. On vise un million d’abonnés dès la fin d’année, trois millions d’ici trois ans. (A titre de comparaison, beIN SPORTS enregistre 3,5 millions d’abonnés et CANAL+ en comptabilise près de 5 millions en France, ndlr).

Que vous inspire le coût des droits de la Ligue 1 à plus d’1.153 milliard d’euros ?

 Il s’agit clairement d’un séisme dans le paysage audiovisuel français, et plus précisément dans le monde du sport et du football. Les habitudes vont changer, de nouvelles chaînes vont débarquer. Il va y avoir beaucoup de bouleversements et des conséquences très concrètes dans l’écosystème du football, que ce soit dans les médias ou dans les clubs de football. CANAL+ sera s’en doute déstabilisé ou pourra rebondir en se mettant d’accord avec Mediapro. Les droits de la Ligue 1 sont à un niveau très important. Nous verrons s’ils sont compatibles avec le système économique français. En même temps, ils rejoignent le niveau européen, notamment l’Italie et l’Espagne qui sont aussi à plus de 1 milliard d’euros pour des pays plus petits que la France. Quant à CANAL+, c’est une grande chaîne que SFR distribue depuis de longues années et que nous allons continuer à proposer à nos abonnés.

Avec cette bataille des droits, vous parlez carrément de «séisme»…

Oui, c’est le cas. CANAL+, était un acteur important et détenait les droits du championnat de France de football depuis 1984. Les Français avaient des habitudes qui sont remises en cause. C’est un séisme dans la transformation du paysage avec l’arrivée de nouveaux acteurs.

Aimeriez-vous acheter des droits à Mediapro ?

On peut envisager de discuter avec eux si le timing est compatible avec le nôtre. On verra si nous pouvons conclure des accords dans les mois qui viennent. On a un intérêt mutuel à travailler ensemble sachant qu’ils n’ont aucun canal de distribution.

Rappelez-nous l’ambition d’Altice ?

Je réaffirme l’ambition du groupe Altice dans les médias et le contenu. Nous croyons en la convergence entre média et télécom. Les réseaux fixe sont utilisés essentiellement pour distribuer des contenus. Investir dans les programmes de télévision et distribuer des chaînes devient notre activité principale. A côté de nos investissements dans le secteur télécom, ça a vraiment du sens d’investir dans les médias. Ce qui peut apparaître comme un débat en France, est devenu une actualité mature aux États-Unis. AT&T et Time Warner sont en train de fusionner. Comcast aux États-Unis a racheté NBC Universal. La convergence est naturelle. Les opérateurs ont compris qu’il fallait avoir un meilleur contrôle dans les médias.