Afrique : le renouveau du paysage audiovisuel

469

La télévision tient une place importante en Afrique et connaît actuellement des évolutions significatives avec les premiers pas de la TNT. Faute de mesure d’audience automatique, le financement de la production locale est difficile face aux chaînes et plateformes internationales. Sur l’ensemble du continent africain, en 2017, la population a regardé la télévision en moyenne 3h23 par jour, soit 30 minutes de plus que la moyenne mondiale qui se situe à 2h56. Cela représente une augmentation de 10 minutes par rapport à 2016, révèle Médiamétrie dans son dernier «Audiences Le Mag». Une progression notamment liée à une consommation accrue de la télévision à Madagascar, en Afrique du Sud, au Maroc et en Côte d’Ivoire. Ce chiffre reflète des disparités selon les pays : champions de la consommation TV, les Malgaches regardent la télévision 4h34 par jour; les Camerounais y consacrent 3h37 quotidiennes. A l’opposé, seul le Sénégal a une pratique quotidienne inférieure à la moyenne mondiale.

Pour Arnaud Annebicque, Directeur du Développement Europe & Afrique de Médiamétrie, «en Afrique, la télévision est le média de masse par excellence, doublé de quelques spécificités propres au continent comme par exemple la consommation collective. La télévision est à la fois un média de divertissement et d’information, apprécié pour son ouverture au monde». Son public concentre un profil un peu plus féminin et le sport – particulièrement le football – mobilise les foules. Dans ce contexte, l’arrivée progressive de la TNT sur le continent africain ouvre de nouvelles perspectives en termes d’offre. Décidé lors de la Conférence internationale sur les télécoms en 2006 à Genève, le passage à la télévision numérique terrestre est engagé depuis 2015 – avec des différences selon les pays – et devra être achevé en 2020. «Pour certains pays, la transition numérique représente simplement une évolution technique alors que d’autres en profitent pour développer l’offre de chaînes gratuites et ainsi remodeler leur paysage audiovisuel ». Il poursuit : « le public attend surtout de la TNT une offre de chaînes et de programmes plus riche et diversifiée, la dimension technique, telle que la qualité de l’image ou du son, arrivant au second plan», observe Arnaud Annebicque. Actuellement, la TNT se déploie différemment d’un pays à l’autre. Qui dit diffusion dit naturellement équipements de réception dans les foyers. La progression de ces équipements est suivie dans le cadre du baromètre de la TNT en Afrique, lancé cette année par Médiamétrie et son partenaire Omedia pour la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Mali et le Sénégal. Destiné à accompagner la transition numérique en Afrique francophone, le baromètre mesure dans chaque pays concerné la perception de la TNT par le grand public ainsi que les besoins en équipements numériques. Au Sénégal, où le public reçoit déjà le signal télévisuel numérique hertzien depuis plus de deux ans, la notoriété de la TNT est très élevée : 93,3% de la population à Dakar la connaît. La Côte d’Ivoire a entamé sa mutation numérique fin 2016 avec l’attribution de 4 licences de télévision privée ; l’audiovisuel public bénéficie quant à lui de la possibilité de lancer une troisième chaîne en complément des deux déjà existantes. A Abidjan, où la communication n’a pas encore été lancée auprès du grand public, seuls 12,1% des gens connaissent la TNT. C’est toutefois une hausse de 4,6 points par rapport à fin 2017.