Alain LIBERTY (SIRTI) : « La radio est un média d’avenir : c’est la 5ème personne du foyer »

1057

Alain LIBERTY, Directeur Général de Radio Scoop et Président du SIRTI

Le Syndicat des radios indépendantes, le SIRTI, a remis le jeudi 24 mai à la Ministre de la Culture et au Parlement, 21 propositions pour la réforme de l’audiovisuel. L’occasion pour Média+ de rencontrer Alain Liberty, Directeur Général de Radio Scoop et Président du SIRTI.

media+

La première proposition que vous souhaitez est l’instauration d’une Puce FM/DAB+ dans les smartphones pour garantir l’accès à la radio hertzienne. Le smartphone est-il le nouveau diffuseur de la radio ?

Alain LIBERTY

Le téléphone pourrait assez facilement devenir le nouveau diffuseur de la radio à la seule condition que des puces FM/DAB + soient installées et activées par défaut dans tous les smartphones.  C’est l’objet de notre première proposition : nous voulons, par la loi, garantir l’accès à la radio hertzienne gratuite et anonyme. Plus de la majorité des Français ne sait pas qu’il est possible d’écouter la radio sur son smartphone. Aujourd’hui, pour avoir la radio, il faut télécharger une application, vérifier sa connexion internet ect ect…Trop de contraintes ! L’instauration d’une puce apportera cette simplicité. Il faut savoir que d’après une étude que nous avons commandée, 94% des Français considèrent la radio comme un droit universel qui doit être protégé. A noter également que la plupart des smartphones, sauf ceux de la marque Apple, ont déjà intégré une puce FM. Mais celle-ci est inactive.

media+

Au nom du SIRTI, vous avancez donc 21 propositions. Déplorez-vous un manque de visibilité des radios indépendantes ou un manque de moyen ?

Alain LIBERTY

Aucun des deux. La radio n’est pas abandonnée. Nous proposons des réformes pour l’avenir de la radio dans un paysage audiovisuel métamorphosé par le numérique. Nous ne sommes pas anti-technologie mais il est important de ne pas perde la souveraineté de l’Etat. Qu’on soit clair, nous sommes confrontés à une concurrence déloyale. Il y a des acteurs qui absorbent la totalité du volume du marché financier sans être encadré. Les médias français payent beaucoup d’impôts… contrairement à la concurrence.

media+

Vous proposez de supprimer la publicité et certaines fréquences appartenant à des stations de Radio France… Pourquoi s’attaquer au service public ?

Alain LIBERTY

Radio France n’est pas censé rentrer dans une logique de concurrence. Il n’est pas normal que Radio France, le service public, scrute sans cesse ses audiences. Je suis choqué quand je vois des communiqués de presse de Radio France se félicitant de ses audiences. Elle rentre dans une logique de course à l’audience. Radio France reçoit 600 millions d’euros de subventions public. Le marché publicitaire lui apporte 42 millions d’euros en 2017, ça représente peu. En faisant des économies, elle peut retrouver ses 42 millions et ainsi se libérer de la publicité et retrouver son indépendance. De plus, dans certaines régions, vous pouvez capter le programme sur parfois 4 fréquences différentes ! ça coûte de l’argent et ça empêche certaines stations d’être présentes. Nous proposons donc de revoir l’encadrement des fréquences, notamment pour Radio France.

media+

Vous proposez d’inscrire dans la loi, le rôle des radios indépendantes. Quel est ce rôle ?

Alain LIBERTY

Les radios indépendantes proposent un service, une offre de qualité que l’on ne trouve pas ailleurs. Un argument ? Le SIRTI est le syndicat de 169 radios. Ces dernières sont écoutées par 9 millions d’auditeurs. Ce n’est pas suffisant pour être reconnu. Il y a une attente de l’auditeur. Nous souhaitons donc qu’il y ait une concertation sur ce sujet pour préserver les radios indépendantes. Ces 169 radios emploient 2.500 salariés don 500 journalistes. Nous participons à l’information à l’échelle locale, c’est important. Les radios indépendantes existent, elles doivent maintenant être reconnues par le législateur. Avec 169 millions de chiffre d’affaires, nous représentons ¼ du chiffre d’affaires de la radio dans le secteur privé. Enfin, il est important de rappeler que nous ne sommes pas en guerre avec les autres radios. Ses 21 propositions concernent l’avenir de la radio sur un plan général.