Alexandre Hallier (USPA/Générale de production) : «Je ne suis pas sûr que Netflix soit la plateforme qui prenne le plus de risques»

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Alexandre HALLIER, Cofondateur de La Générale de Production

Jeudi 31 mai, divers syndicats se sont réunis pour échanger sur la réforme de l’audiovisuel et notamment l’avenir du métier de producteur à l’ère du numérique. L’occasion pour Média + de rencontrer Alexandre HALLIER, Cofondateur de La Générale de Production, membre de l’USPA et membre fondateur de l’Association des Producteurs Nouveaux Médias Indépendants.

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Jeudi dernier, différents syndicats et producteurs se sont réunis pour débattre de ce qu’est un producteur aujourd’hui et de son évolution. Que retenir de cette journée ?

Alexandre HALLIER

La journée a été l’aboutissement d’un long processus de réflexion. Les échanges ont été intéressants et stimulants. La générale de production est membre de l’USPA (Union Syndicale de la Production Audiovisuelle) et membre fondateur de l’Association des Producteurs Nouveaux Médias Indépendants (PXN). On a tous conscience qu’il va falloir se serrer les coudes. Nous avons une envie de partager. A la fin de cette journée, trois propositions ont émergé. Tout d’abord, nous voulons favoriser au sens large une culture du numérique. Deuxièmement, nous devons réfléchir à la fois sur le plan national mais aussi international. Nous devons tous nous unir pour au moins faire face aux plateformes américaines ou chinoises. Enfin, nous souhaitons voir émerger un investissement plus important suivant le pourcentage de la production numérique.  Toutes ces propositions sont, selon nous, assez concrètes et importantes.

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Comment évolue le métier de producteur ?

Alexandre HALLIER

Je pense qu’il s’est profondément durci. Il y a de plus en plus de structures de production. Les moyens de diffusion et les supports ont explosé. Il y a une menace forte sur la production indépendante. Aujourd’hui, les acteurs et réalisateurs se méprennent sur le rôle de producteur. Il n’est plus là pour gérer les questions d’argent. C’est un métier de prises de risques et de création d’œuvres. De plus, les chaînes voient dans les producteurs une menace indirecte, un sous-traitant ou quelqu’un qui va fragiliser la chaîne de création.

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Les plateformes digitales sont-elles les nouveaux diffuseurs de courts et longs-métrages ?

Alexandre HALLIER

J’ai l’impression que, parce que c’est nouveau, nous sommes tous les ambassadeurs de Netflix. J’entends tout le monde dire que c’est super et que le service public est nul. Il faut arrêter. Pour nous, producteurs, la télévision reste un diffuseur important. Les plateformes digitales existent, il faut faire avec. Mais elles ne vont pas supprimer les chaînes de télévision. Concernant Netflix, je ne suis pas sûr que ce soit la plateforme qui prenne le plus de risques.

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Le service public diffuse-t-il assez de documentaires ?

Alexandre HALLIER

Le service public diffuse beaucoup de documentaires. Mais ça dépend comment il sont diffusés. Le documentaire est souvent en deuxième, voire troisième partie de soirée. Le diffuseur privilégie peut-être trop la conquête de l’audience. Il faut réfléchir à d’autres formes de diffusion comme des projections-débats ou l’utilisation du numérique. Le service public reste une marque, un label fort.