Altice entre à Wall Street au prix de 30 dollars par titre

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Altice USA, filiale américaine de l’empire des télécoms et des médias de Patrick Drahi, entrait ce jeudi à Wall Street au prix de 30 dollars par titre, une nouvelle étape dans la conquête des Etats-Unis du milliardaire français. Le groupe, né du rachat coup sur coup des câblo-opérateurs américains Suddenlink et Cablevision il y a moins de 2 ans, a levé jusqu’à 1,92 milliard de dollars auprès d’investisseurs, ce qui en fait l’une des plus grosses introductions en Bourse de l’année aux Etats-Unis. C’est la plus grosse dans le secteur des télécoms depuis l’éclatement de la bulle internet en 2000, d’après le cabinet Dealogic. Altice USA, présent dans une vingtaine d’Etats américains dont New York avec un total de 4,9 millions de clients, a ainsi réussi à vendre aux investisseurs 63,9 millions d’actions à un prix proche du haut de la fourchette de 27 à 31 dollars, indiquée précédemment dans un document financier adressé au gendarme de la Bourse américain, la SEC. Une grande partie de cette somme ira au fonds de pension canadien CPPIB et au fonds d’investissement BC Partners, qui détiennent à eux deux 30% du câblo-opérateur, et qui ont décidé de céder une grande partie de leurs actions, a détaillé le groupe dans un communiqué. L’entreprise ne récoltera, elle, que 363 millions de dollars, qui représente les 12,1 millions de titres qu’elle a consenti à céder, en dépit d’une forte demande.Patrick Drahi va conserver le contrôle avec 70,3% du capital et 98,3% des droits de vote d’Altice USA, dont la capitalisation boursière est de quelque 22 milliards de dollars. Les titres cédés par Altice, baptisés «classe A», ne donnent pas de droits de vote. Les actions Altice USA vont commencer à être échangées jeudi sur la plateforme boursière New York Stock-Exchange (NYSE) sous le symbole «ATUS». Altice USA espère se servir des fonds engrangés pour accélérer le remboursement de sa dette, estimée à 22,3 milliards de dollars. A moyen terme, cette opération est censée augurer de futures acquisitions aux Etats-Unis, marché où les marges des câblo-opérateurs et des opérateurs télécoms sont beaucoup plus juteuses qu’en Europe. Les offres commerciales «quadruple play» (télévision, internet, téléphone fixe et téléphone mobile) y sont par exemple peu répandues. Les Etats-Unis sont censés représenter la moitié des revenus d’Altice dans les prochaines années, contre 36% du c.a. actuellement. La stratégie américaine d’Altice est une reproduction des recettes ayant fait son succès en Israël et en Europe où il a racheté les opérateurs télécoms français SFR et portugais Portugal Telecom, les médias «Libération», «L’Express» et BFM TV et des droits de diffusion de grands événements sportifs. Concrètement, Altice s’endette auprès des investisseurs, en quête de placements avec de hauts rendements, pour financer son développement. Patrick Drahi s’attèle ensuite à une réduction drastique des coûts pour améliorer la rentabilité des actifs rachetés, générer des liquidités et rembourser la dette. Cette stratégie rappelle John Malone, «le roi du câble américain», qui a bâti à partir des années 70 son empire Liberty Global à coup d’acquisitions financées par un gros endettement au moyen de montages complexes. Altice USA pourrait mettre la main sur Verizon Communications FiOS, les activités câble de l’opérateur télécoms Verizon, et avaler les câblo-opérateurs Cox Communications et Mediacom, avaient confié en avril des sources bancaires. Cox a déjà fait savoir ne pas être à vendre mais n’exclut pas des partenariats. Altice USA, qui a réalisé un c.a. de 2,17 milliards d’euros au 1er semestre de l’exercice en cours, en hausse de 7,4%, a toutefois déjà prévenu que son activité pourrait pâtir de la concurrence des acteurs de la vidéo en streaming tels Netflix, Hulu et Amazon.   Le groupe est en train d’investir dans la fibre optique et prévoit de lancer prochainement une «Box» aux Etats-Unis, produit inexistant sur ce marché.