Antennes locales : France Bleu entame son 27e jour de grève

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A Bayonne ou à Bordeaux, les salariés de France Bleu ont entamé mardi leur 27e jour de grève, arc-boutés contre le projet de «mutualisation» des programmes des antennes locales prévu par la direction de Radio France.Ils voient en effet dans ce projet l’antithèse de cette proximité qui «fait le succès» de leurs stations et en est l’«ADN vital». Première radio du Pays basque depuis 13 ans avec 46.000 auditeurs chaque jour, l’antenne locale de France Bleu compte 30 salariés (dix journalistes, dix animateurs et dix techniciens et administratifs) qui, tous ou presque, ont «fait grève à un moment ou un autre» depuis le début du conflit, explique Raphaël de Benito, animateur. 

Pour les grévistes, «la mutualisation» des programmes de France Bleu, qui restait lundi soir la principale pierre d’achoppement des négociations, «c’est le contre-pied exact de ce qui fait le succès de l’antenne». Et justement, France Bleu Pays Basque a pris soin de maintenir le lien avec ses auditeurs pendant toute la durée de la grève, en assurant des directs sur les rencontres de rugby ou depuis la Foire au Jambon de Bayonne. Informations sur la circulation locale, chroniques en langue basque, vie culturelle, associative, sportive… autant de sujets touchant de très près les auditeurs et qui seraient menacés par «la mutualisation» prévue dans «le plan stratégique» du PDG de Radio France, Mathieu Gallet, assurent les grévistes. Une telle «syndication» des programmes, «ça se fait déjà entre 12h00 et 13h30, une tranche dont les programmes sont assurés depuis Paris, et de 19h00 à 06h00 du matin», note Julien Collin, technicien à France Bleu Gironde (une quarantaine de salariés) et représentant du personnel pour le syndicat SUD. Ces décrochages parisiens ont été créés car les antennes locales de France Bleu qui «n’ont pas les moyens de faire plus que ce qu’elles font aujourd’hui». A présent, «le plan stratégique» de la direction prévoit de prolonger ces programmes parisiens «au moins jusqu’à 16h00, ce qui signifie très concrètement la perte d’un quart de nos programmes spécifiques de proximité», dit Julien Collin. «Cela se traduirait par le même programme de Mont-de-Marsan à Pau en passant par Périgueux ou Bordeaux durant l’après-midi. Or, ce qui fait notre force, c’est l’hyper-proximité que nous avons avec nos auditeurs. C’est notre ADN qui est vital», estime Raphaël de Benito. 

Pour Julien Collin, «ça nous semble évident que le but de cette opération, c’est aussi de dépouiller petit à petit les locales les plus importantes pour poursuivre l’extension du réseau de France Bleu», comme Mathieu Gallet l’a annoncé dans ses projets. «L’ouverture d’une nouvelle antenne avec des éléments pris dans d’autres stations locales, on refuse absolument!», tranche le syndicaliste. Car le réseau local de France Bleu compte d’importants «trous» dans la couverture du territoire, en général hérités du passé mouvementé de Radio France au gré des plans des différents PDG. Pas de station à Lyon – la plus proche est à Saint-Etienne – la région Midi-Pyrénées uniquement couverte depuis Toulouse… «Effectivement, c’est anormal! Mais, vu les conditions économiques, ce n’est pas possible d’étendre le réseau à effectifs constants», conclut Julien Collin. Dans son récent rapport sur Radio France, la Cour des Comptes souligne elle aussi la «couverture imparfaite du territoire» par le réseau France Bleu, déplorant une «organisation à simplifier». La Cour indique au passage que les effectifs permanents de France Bleu ont augmenté de 72 postes (équivalent temps plein, ETP) de 2004 à 2013, pour atteindre un total de 1.634 ETP.