Ariane BUCAILLE (Deloitte) : «La TV US générera 170 milliards $ de recettes en 2016»

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Ariane BUCAILLE, Associée responsable Technologie, Médias et Télécommunications chez Deloitte

Deloitte a dévoilé son étude mondiale dédiée aux évolutions d’usages, de consommations et de marchés dans le secteur des Technologies, Médias et Télécommunications (TMT) en 2016. Détails avec Ariane BUCAILLE, Associée responsable Technologie, Médias et Télécommunications chez Deloitte.

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Comment analysez-vous l’érosion du marché de la télévision aux Etats-Unis?

Ariane BUCAILLE

Premier point, le marché de la télévision américaine est très important. Il représentera près de 170 milliards de dollars de recettes en 2016. Deuxième point, nous constatons une érosion du secteur, mais pas d’implosion. Le temps passé devant la télévision baisse de façon extrêmement significative depuis quatre ans. Il concerne notamment la population des jeunes, de 18 à 24 ans. Le temps moyen passé devant la TV chaque jour par les Américains de plus de 18 ans devrait poursuivre sa baisse à 320 minutes quotidiennes. Après, il y a une lente décroissance du nombre de clients qui souscrivent à des abonnements de Pay TV. Contrairement à la France, une grande partie des Américains disposent d’un ou de deux bouquets de télévision. Face à l’expansion de la TV sur internet et l’emprise d’acteurs de la SVOD, de nombreux téléspectateurs deviennent des «cord cutters» et résilient leur contrat. Ce déclin est relativement réduit aux alentours de 150.000 contrats résiliés par an. Il s’est accéléré en 2015 avec près d’un million d’abonnés en moins sur une base de 100 millions de clients. Ce mouvement devrait continuer à s’accélérer.

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Le cinéma résiste-t-il à la concurrence du numérique ?

Ariane BUCAILLE

Le secteur résiste mieux que d’autres médias à la concurrence du numérique. Le nombre d’entrées aux Etats-Unis et au Canada devrait baisser d’environ 3% en 2016 avec 10,6 milliards de dollars de recettes et 1,3 milliard d’entrées. Quand on observe la courbe sur les 7 dernières années, les revenus restent plutôt stables. Le marché du cinéma est «drivé» très fortement par les 5 ou 10 plus gros films du box-office qui représentent à eux seuls, près de 40% du nombre d’entrées.

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Comment le marché du mobile réagit-il aux évolutions du secteur ? 

Ariane BUCAILLE

Comme nous le rapportons dans notre étude, la frénésie autour des bloqueurs de contenus semble largement s’essouffler sur mobile. Fin 2016, seuls 0,3% des utilisateurs de smartphones et tablettes devraient avoir installé un ad-blocker sur leurs terminaux mobiles. Un manque à gagner d’un peu moins de 100 millions de dollars. Autant dire une goutte d’eau dans l’océan de la publicité mobile qui devrait peser plus de 70 milliards de dollars en 2016. La destination majeure du contenu média sur smartphone, ce sont les applications. Et aujourd’hui, très peu d’ad-blocker sont pertinents sur les Apps. Autre sujet, le paiement sur mobile qui ne s’est pas démocratisé aussi rapidement que nous l’avions prévu. Nous ne savons pas si c’est de l’inertie au changement ou de la peur de la part des commerçants. Mais le mouvement est largement ralenti. Enfin, nous annonçons que les appareils mobiles deviendront la plateforme par excellence pour les jeux en 2016, générant 35 milliards de dollars de recettes, soit une hausse de 20% par rapport à 2015.

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L’utilisation que l’on a du smartphone peut-elle encore évoluer ?

Ariane BUCAILLE

En 2016, environ 26% des possesseurs de smartphones ne passeront plus d’appels téléphoniques au cours d’une semaine donnée. Autrement dit, nous voyons l’émergence d’une catégorie d’utilisateurs, renforcée auprès des 18-24 ans, qui n’appelle plus par le téléphone. L’usage de la voix n’est plus utilisé. L’utilisation du smartphone se limite à un usage data : textes, réseaux sociaux, et autres. Le phénomène pourrait même s’accentuer en 2016.