Arnaud Lagardère prend la présidence de la station pour tenter de redresser les audiences

370

Après les changements de grille, le changement d’équipe: le propriétaire d’Europe 1, Arnaud Lagardère, a annoncé jeudi qu’il allait assurer lui-même la présidence de la station pour tenter de redresser des audiences en berne depuis plusieurs trimestres. Le patron du groupe Lagardère l’a annoncé aux salariés peu après la publication du pire score d’audience cumulée depuis plus de 12 ans, 7,7%, reléguant Europe 1 au 6e rang des radios françaises derrière RMC pour la première fois. M. Lagardère rappelle dans un entretien au Monde qu’il a déjà exercé cette fonction dans les années 2000 et assure qu’il n’interviendra pas dans l’éditorial. Il ne prévoit pas non plus de plan d’économies supplémentaires, après celui mis en place l’an dernier. «C’est un modus operandi dont j’ai l’habitude quand les choses ne vont pas bien. J’avais ainsi pris la présidence de notre branche sports puis passé la main après l’avoir redressée. L’idée est la même pour Europe 1: j’en prends la présidence jusqu’au moment où elle sera redressée dans son audience et ses comptes», explique le dirigeant, citant comme référence RTL. M. Lagardère, 56 ans, va remplacer Denis Olivennes, qui avait succédé fin 2010 à Alexandre Bompard à la tête de la station et qui n’aura jamais réussi à renouer, malgré de nombreux changements de grille, avec les 10% d’AC, atteints pour la dernière fois au premier trimestre 2010. Entretemps, la station a perdu deux locomotives d’audience: Laurent Ruquier, parti chez RTL en 2014, et plus récemment Jean-Marc Morandini, en raison de ses démêlés judiciaires. «J’en veux amicalement à Laurent Ruquier de nous avoir quittés pour «Les Grosses Têtes», mais c’était pour lui un rêve de gosse… Pour le reste, le monde de la radio est assez petit. Et c’est un peu comme en politique: faire venir des talents de la société civile n’a pas toujours bien fonctionné. Si Europe 1 avait la possibilité d’avoir de grands talents qui ont déjà réussi en radio, ce serait une sécurité», indique M. Lagardère. Il avait déjà évoqué de possibles changements de direction en janvier, craignant que les derniers ajustements de grille ne soient pas suffisants pour retrouver des auditeurs. Pourtant, «ce n’est pas une sanction» contre M. Olivennes, qui restera dans le groupe et qui garde sa fonction de patron de la branche médias Lagardère Active. «Je veux qu’il se concentre sur des moteurs de croissance comme la production audiovisuelle, le numérique, la santé, les chaînes thématiques», précise M. Lagardère. Fin 2016, M. Olivennes avait décidé de remplacer l’intervieweur historique de la matinale, Jean-Pierre Elkabbach, 79 ans, par le quadragénaire Fabien Namias, directeur de l’information. M. Namias avait été par la même occasion remplacé à la direction générale par Richard Lenormand et M. Elkabbach avait décidé de quitter la station pour la chaîne CNews mais tout en restant conseiller de M. Lagardère. M. Elkabbach «sera sûrement appelé à jouer un rôle à mes côtés, pas forcément que sur Europe 1», indique le dirigeant au «Monde», précisant qu’il envisageait de continuer à développer les partenariats avec CNews. Une nouvelle équipe sera nommée «rapidement». Europe 1 «a besoin d’un directeur qui incarne la station, qui y soit matin, midi et soir, et la nuit s’il le faut, probablement un professionnel de la radio, qui ait ce métier au fond de lui. Quelqu’un qui soit fort de caractère, mais ait aussi la souplesse d’attirer des talents», explique M. Lagardère. Une analyse qui rejoint le commentaire d’un concurrent: Europe 1 a un «problème de programmation mais aussi d’identité». «Il y a une dynamique très faible, difficile à inverser. C’est le fruit de leur stratégie de ces 5 dernières années», juge un autre patron. Pour M. Lagardère, Europe 1 «restera une généraliste très axée sur l’information, plus qu’une radio de talk-show. La vision s’affinera avec le choix de la personne qui va incarner la station».