Asie : des mesures contre la désinformation semblent inquiètantes 

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La désinformation constitue une réelle menace dans des pays d’Asie confrontés à des divisions ethniques et religieuses, mais les mesures préconisées par certains dirigeants pour lutter contre ce fléau constituent parfois des entraves à la liberté d’informer, mettent en garde des experts. Ces dirigeants aux tendances autoritaires, s’inspirant de l’expression «fake news» constamment utilisée par le président américain Donald Trump, font adopter une législation sévère pour lutter contre la propagation de fausses nouvelles, mais leurs objectifs réels posent question. «La notion floue de +fake news+ dont le président américain Donald Trump use et abuse est une aubaine pour des gouvernements qui veulent museler des voix indépendantes trop curieuses», explique Daniel Bastard, directeur Asie-Pacifique de l’ONG Reporters sans frontières. Aux Philippines, le président Rodrigo Duterte accuse ouvertement de désinformation des médias critiquant sa guerre contre la drogue ayant fait quelque 4.000 morts. Rappler, un important site d’informations critique envers M. Duterte, a vu sa licence révoquée en début d’année, au motif qu’il aurait enfreint la législation. Désormais, Manille réfléchit à un texte de loi sanctionnant jusqu’à 20 ans de prison des éditeurs de fausses informations. L’adoption d’une telle législation pourrait devenir un «instrument de censure» susceptible d’être utilisé pour «réduire au silence des organes de presse légitimes qui couvrent des informations non favorables au pouvoir», met en garde l’experte en médias Clarissa David. En Malaisie, une nouvelle loi adoptée en avril prévoit jusqu’à six ans de prison ferme contre toute personne publiant de fausses informations.