Aurore Bergé (Députée) : « Je propose un rapprochement entre Hadopi et le CSA pour n’avoir qu’un régulateur unique sur les contenus »

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Aurore BERGE, Rapporteur de la mission d’information sur la réforme de l’audiovisuel

40 propositions pour une nouvelle régulation de l’audiovisuel à l’ère numérique ont été présentées jeudi dernier à l’Assemblée Nationale. L’occasion pour média+ de revenir sur les principales d’entre elles avec Aurore Bergé, Députée de la 10ème circonscription des Yvelines, porte-parole du groupe LREM (La République En Marche) et rapporteur de la mission d’information sur la réforme de l’audiovisuel.

MEDIA +

Quelle est votre position concernant la publicité segmentée en TV ?

AURORE BERGE

Je suis pour une expérimentation de 18 mois concernant la publicité segmentée et géo-localisée.  Chaque jour, par le biais des GAFA, nous sommes touchés par cette publicité ciblée. Les chaînes de télévision ont les moyens technologiques de le faire mais elles en sont interdites. Il y a alors un réel manque à gagner pour les acteurs historiques mais aussi pour l’Etat. Je suis assez confiante concernant la publicité segmentée à la TV. Je ne pense pas que l’ouverture soit un risque pour les acteurs de la radio, de la presse ou de l’affichage.

MEDIA +

Êtes-vous favorable à l’ouverture de certains secteurs interdits ?

AURORE BERGE

Pour les secteurs interdits, il faut voir au cas par cas. Je suis favorable à l’ouverture de la publicité du cinéma en TV. C’est nécessaire car le cinéma sera en concurrence déloyale le jour où Netflix pourra faire de la publicité pour ses contenus et abonnements à la TV. Concernant la publicité de la grande distribution en TV, je ne la recommande pas. Mon objectif est vraiment d’augmenter l’investissement publicitaire pour renforcer les acteurs historiques et soutenir le financement audiovisuel et cinématographique.

MEDIA +

Concernant le service public, vous proposez de supprimer la publicité au sein du Groupe  Radio France. Comment trouver un nouveau financement ?

AURORE BERGE

Je propose tout simplement une universalité de la taxe sur la redevance. Il s’agit d’une question de principe : le service public doit être financé par tous, sauf exception selon les cas, évidemment. Aujourd’hui, tout le monde consomme du service public et pas seulement via la télévision. Cette proposition générerait 100 millions d’euros. Je propose donc que l’Etat redistribue cet argent à l’audiovisuel public. Cela couvrirait la perte des recettes publicitaires. Concernant FranceTV, il n’est toujours pas question de faire de la publicité après 20h et je propose même la suppression de la publicité sur France 5.

MEDIA +

Que faire contre les géants du numérique pour ne pas nuire à l’audiovisuel français ?

AURORE BERGE

Nous devons déjà créer une convergence fiscale et faire en sorte qu’il n’y ait pas que les acteurs historiques qui financent la création.

MEDIA +

Vous proposez aussi un rapprochement entre Hadopi et le CSA…

AURORE BERGE

Je propose, en effet, un rapprochement entre Hadopi et le CSA pour n’avoir qu’un régulateur unique sur les contenus. Il existe déjà une complémentarité entre ces deux acteurs.

MEDIA +

Concernant la radio, vous proposez un assouplissement des quotas. Pourquoi ?

AURORE BERGE

A mon sens, il faut garder les quotas sur la radio mais je propose un assouplissement car la complexité existante de ces derniers n’a pas montré son efficacité. Les radios sont aujourd’hui plafonnées dans le nombre de diffusion d’artistes internationaux pour une meilleure mise en avant des artistes francophones. Et les résultats ne sont pas concluants. Toujours sur la radio, il faut élargir le DAB+, je pense que c’est essentiel. Nous avons pris beaucoup trop de retard. Il ne faut pas oublier que le DAB+ permettra entre autres une qualité d’écoute optimale et va garantir son anonymat.

MEDIA +

Les canaux de France 4 et France Ô vont être libérés. Que va-t-il se passer ?

AURORE BERGE

Je pense que nous avons suffisamment de chaîne sur la TNT. Il n’est pas nécessaire de les remplacer. Je propose donc de faire passer en HD les deux seules chaînes que ne le sont pas encore, à savoir France Info et LCI. Ce sera au CSA de définir la notation de ces dernières par un tirage au sort.

MEDIA +

Un mot sur la parité en TV ?

AURORE BERGE

La parité n’est pas encore présente. Il y a beaucoup moins de femmes «expertes» que de femmes «témoins». Je me suis intéressée par exemple à la part de productrice en TV et on remarque qu’elles sont moins importantes que les hommes.

MEDIA +

Quelles sont les prochaines étapes ?

AURORE BERGE

Nous souhaitons finir l’écriture du projet de loi pour la fin de l’année. Les discussions commenceront alors au printemps 2019. Lors de ma présentation à l’Assemblée Nationale, le projet a été adopté à l’unanimité par l’ensemble des groupes parlementaires.

MEDIA +

Le CSA a lui aussi fait 20 propositions pour une nouvelle régulation de l’audiovisuel à l’ère numérique. On remarque peu de similitude entre ces deux rapports…

AURORE BERGE

Le timing ne permettait pas une mise en relation de nos deux rapports. Le CSA a été entendu pendant mes travaux, nous avons eu des échanges réguliers. Nous nous rejoignons sur quelques sujets comme la convergence fiscale ou encore le rééquilibre entre les acteurs historiques et les nouveaux.