B. CASSAIGNE (Médiamétrie) «16 chaînes représentent 80% de l’audience en 2016 contre 5 chaînes en 2006»

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Richesse et complémentarité pour des mesures toujours plus fines et multi-écrans, telle est la logique de l’institut Médiamétrie qui a présenté hier matin sa vision pour le futur des mesures d’audiences. Les détails avec Benoît CASSAIGNE, Directeur exécutif en charge des mesures d’audiences à Médiamétrie.

média+ : Avec la fragmentation des audiences et la multiplicité des cibles, comment Médiamétrie parvient-elle à répondre aux besoins du marché et des usages ?

Benoît CASSAIGNE : On y répond de deux façons. D’une part, nous utilisons de plus en plus de panels dédiés soit à internet, soit au mobile, soit à la télévision. D’autres part, nous combinons les données big data avec celles des panels. Cela engendre ainsi plus de précisions. Les données permettent d’obtenir éventuellement des résultats quotidiens, y compris sur de petites chaînes, et pour un grand nombre de cibles. De leur côté, les panels permettent d’obtenir un profil précis de téléspectateurs.

média+ : Les mesures d’audience pourraient-elles connaître des changements majeurs ?   

Benoît CASSAIGNE : Nous sommes en évolution perpétuelle. La mesure d’audience n’a jamais aussi vite évolué que depuis 5 ans. Cela va se poursuivre. Nous serons capables prochainement de mesurer la télévision en mobilité. On espère le faire en 2018. Après la mesure de la catch-up lancée en octobre 2014, Médiamétrie continue d’innover et fournit, depuis avril, les premiers résultats de la mesure TV 4 écrans (télévision, ordinateur, smartphone et tablette). Ces audiences sont disponibles par émission, avec le détail par écran et par mode de consommation : live, différé et replay. De ce point de vue, entre la mesure du différé, celle de la TV de rattrapage, des autres écrans, d’internet, de la vidéo et des usages hors du foyer, nous avons une bonne feuille de route pour l’avenir tout en enrichissant les mesures en big data.

média+ : Les chaînes restent encore très focalisée sur les audiences linéaires du lendemain. Cet état d’esprit peut-il évoluer ?

Benoît CASSAIGNE : Il faut reconnaître que le linéaire dans la durée d’écoute des chaînes reste très majoritaire. Seize chaînes représentent 80% de l’audience en 2016 contre 5 chaînes en 2006. Les diffuseurs s’intéressent aussi aux audiences complémentaires. Le reflexe 4 écrans est en train de se mettre en place. Quand le non linéaire prendra le relai du linéaire de manière significative, les habitudes changeront.

média+ : Le non linéaire en TV peut-il prendre le pas sur la consommation linéarisée ?

Benoît CASSAIGNE : Certains observateurs annonçaient la fin du live en télévision, mais on constate que le poids du direct et du téléviseur reste important pour un certain nombre de programmes : sport, information et grandes émissions de divertissement. Il le sera pour les trois prochaines années. Pour autant, le relai vers une consommation délinéarisée se met en place très progressivement.

média+ : Quid de la nouvelle génération de mesures de l’audience en télévision ?

Benoît CASSAIGNE : En plus du watermarking, retenu pour la mesure d’audience, nous allons investir le fingerprinting. Il s’agit d’une reconnaissance des chaînes et des programmes regardés par analogie sur une base de données complémentaires. Le fingerprinting consiste à prélever un morceau de contenu audiovisuel visionné ou entendu sur une plateforme quelle qu’elle soit. Puis de le comparer avec une base de données complète des programmes d’une chaîne ou d’un catalogue de programme. Chacune des deux technologies (watermarking et fingerprinting) présente des avantages spécifiques qui dépendent des utilisations qui en sont faites.