B. DELECOUR (FilmoTV) : «Près de 70% du marché de la VOD transite par les boxs»

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Fort de ses 10 ans, FilmoTV est le plus ancien service de SVOD en France. La plateforme a su traverser une mutation sans précédent dans le secteur. Service pionnier de la vidéo à la demande, comment la plateforme s’impose-t-elle encore ? Rencontre avec Bruno DELECOUR, Directeur général de FilmoTV.

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Plus ancien service de SVOD en France, FilmoTV a débarqué il y a 10 ans dans un univers «à la demande» très peu développé. Que de chemin parcouru!  

Bruno DELECOUR

A l’époque, peu de monde y croyait vraiment. Le projet a été développé par un certain nombre de collaborateurs venant de CANAL+. Notre actionnaire principal est le distributeur de cinéma Wild Bunch. Il était évident que les usages allaient considérablement évoluer et que le mode de consommation des images allait passer d’un système très rigide, linéaire, lié à des chaînes de télévision, à un système totalement à la demande. Il fallait repenser tous les services avec une vision «on demand».

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En quoi FilmoTV a-t-il été impacté par les développements technologiques ?

Bruno DELECOUR

Quand nous avons mis en place le service par abonnement il y a dix ans, 50 films par mois étaient proposés à nos abonnés. Nous en sommes à plus de 700 aujourd’hui. Sur la location à la carte, nous proposons plus de 4.000 œuvres à ce jour contre quelques centaines à l’époque. Une grosse partie de notre développement a été d’accéder aux box des opérateurs. Près de 70% du marché de la VOD transite par ces plateformes. Ensuite, il y a eu énormément de progrès en termes de qualité de streaming, encodages, débit, portabilité des enregistrements sur tablettes et téléphones, multi-écrans. Nous avons travaillé l’algorithme avec une interface conçue en fonction du profil du consommateur, à partir du traitement de données que l’on fait dans le cloud.

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Ces 10 années sont marquées par la révolution des usages audiovisuels et un renforcement considérable de la concurrence. Netflix vous a-t-il rendu à la mode ?

Bruno DELECOUR

Clairement, Netflix a popularisé non seulement la vidéo à la demande mais aussi son mode de commercialisation par abonnement. La presse, à l’époque, s’en est fait l’écho. L’ensemble de ses communications a considérablement accéléré le développement du marché des usages. Nous en avons bénéficié dans la mesure où nous avons toujours souhaité avoir un positionnement complémentaire des grands services généralistes américains qui proposent plutôt des séries et qui s’adressent à un public plus jeune. Nous sommes 100% cinéma, avec une offre très diversifiée et nos clients sont un peu plus âgés. On accompagne nos 200.000 clients dans leurs choix.

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Avec l’évolution de la chronologie des médias, qu’est ce que cela change pour vous ?

Bruno DELECOUR

Les usages à la demande se démocratisent alors que la chronologie des médias privilégie toujours les anciens usages. Contrairement à ce qui était prévu, les délais de diffusion de la VOD transactionnelle n’ont pas été réduits (sauf pour des films qui représentent 5% des entrées) et il n’y a pas de neutralité technologique entre une chaîne de télévision et un service à la demande. Il y a eu un choix de conforter le passé sans se tourner vers l’avenir. On le rappelle, le cœur de notre activité est le service par abonnement (films disponibles 36 mois après leur sortie en salle) mais également de louer ou d’acheter des longs métrages à l’unité (disponible à partir de 3 mois), ce qui permet d’accéder à des œuvres récentes que nous n’aurions pas dans le cadre d’un abonnement.