Baidu : projet d’introduction en Bourse de son service de vidéo en ligne

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Le géant chinois de l’internet Baidu a annoncé mercredi un projet d’introduction en Bourse de son service de vidéo en ligne, ainsi qu’une hausse de 57% de son bénéfice net l’an dernier, un rebond vigoureux après le plongeon de 2016. Baidu, premier moteur de recherche chinois, est engagé dans une rude concurrence avec ses compatriotes Tencent et Alibaba sur le marché prometteur de la vidéo en ligne du type Netflix. Dans un communiqué, Baidu, déjà coté au Nasdaq, a annoncé avoir déposé auprès des autorités américaines un projet d’introduction en Bourse pour sa plateforme de vidéo iQiyi, un moyen de financer l’expansion de ce service. Avec 463 millions d’usagers mensuels actifs sur mobile, iQiyi est le numéro un du secteur en Chine, mais les plateformes d’Alibaba (Youku Tudou) et de Tencent, autres géants de l’internet chinois, suivent de près. Sur ce marché extrêmement compétitif, les coûts de production de contenus numériques pour Baidu ont grimpé de 80% l’an dernier, dépassant 2 milliards de dollars (soit 16% du chiffre d’affaires), et devraient continuer de gonfler: l’introduction en Bourse de iQiyi devrait permettre de financer l’onéreuse création de nouvelles séries et émissions. Cette opération, dont le volume n’a pas été décidé, se fera «quand les conditions le permettront sur les marchés de capitaux», précise le groupe chinois, qui restera l’actionnaire principal de sa filiale. iQiyi s’était distingué l’an dernier par un accord avec Netflix, qui en faisait le diffuseur en Chine des séries à succès du groupe américain comme «Black Mirror» ou «Stranger Things». La plateforme de Baidu a également profité du succès phénoménal de son télé-crochet en ligne «Rap of China», même si l’avenir de l’émission est remis en question par une campagne anti-hip-hop des autorités chinoises, sur un internet local toujours étroitement censuré. Après la douloureuse contre-performance de 2016, qui l’avait vu diviser son bénéfice par trois sur fond de scandales et de chute des recettes publicitaires, le «Google chinois» s’est ressaisi avec vigueur l’an dernier. Son bénéfice net annuel s’est envolé de 57% à 18,3 milliards de yuans (2,34 milliards d’euros), en dépit d’une stagnation au dernier trimestre (+1% sur un an). Le groupe, dont le siège est à Pékin, a vu son chiffre d’affaires augmenter de 20% en 2017, à 84,8 milliards de yuans, avec un gonflement de 29% sur un an pour le seul quatrième trimestre, à 23,6 milliards de yuans, légèrement plus qu’anticipé par Baidu (23,4 milliards au mieux). Cette amélioration doit beaucoup à une base de comparaison avantageuse, mais aussi à la cession de branches jugées peu rentables, comme son service de livraison de repas à domicile. «En 2017, Baidu a affiné son recentrage stratégique (…) en donnant la priorité à l’intelligence artificielle dans toutes les activités sur mobile», a commenté l’emblématique fondateur et patron de Baidu, l’entrepreneur multimilliardaire Robin Li. Le groupe a également dévoilé mi-novembre d’ambitieuses enceintes connectées et accélère tous azimuts ses projets d’automobile intelligente. Il entend entamer dès cet été la «production à petite échelle» d’un minibus sans chauffeur, avant de lancer des modèles de voitures autonomes en 2019 en coopération avec les constructeurs chinois JAC Motors et BAIC. Baidu avait annoncé en septembre un fonds de 1,3 milliard d’euros dédié au développement de véhicules sans conducteur. Il gère déjà la «plateforme ouverte» Apollo où il partage ses technologies avec des développeurs et constructeurs – une façon de rivaliser avec le géant californien Alphabet (maison mère de Google) et sa filiale Waymo. A la suite de ces résultats, le titre Baidu a progressé de 5% dans les échanges d’après-Bourse aux Etats-Unis.