Bouygues table sur une année 2015 encore «difficile» en France

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Bouygues table sur une année 2015 encore «difficile» en France pour tous ses métiers, après avoir vu sa filiale télécoms retomber dans le rouge l’an dernier, où des produits de cessions ont néanmoins dopé le résultat net du groupe diversifié. Le groupe, dirigé par Martin Bouygues, a publié mercredi un bénéfice net 2014 de 807 millions d’euros, gonflé par la cession du contrôle d’Eurosport International et de la participation de Colas dans Cofiroute. Sans ces éléments exceptionnels, le résultat net se serait élevé à 492 millions d’euros, après une perte de 757 millions d’euros en 2013, liée à la dépréciation de la participation de Bouygues dans Alstom. 

La baisse d’activité en France, de -4% sur un an à 21,3 milliards d’euros, a été compensée l’an dernier par la croissance réalisée à l’international, en hausse de 8% à 11,9 milliards d’euros. «2014 a été marquée par la grande résilience des activités de construction, grâce à la dynamique de l’activité à l’international et à l’adaptation en cours en France», a déclaré Martin Bouygues en présentant les résultats à la presse. Quasi stable par rapport à 2013, mais meilleur qu’anticipé par les analystes et qu’annoncé par Bouygues lui-même, le c.a. s’est élevé à 33,14 milliards d’euros. Toutefois «la situation opérationnelle du groupe», elle, «a été plus difficile», a admis le directeur financier Philippe Marien. Le résultat opérationnel courant a en effet fondu de 431 millions d’euros l’an dernier, à 888 millions d’euros, principalement à cause de TF1 et Bouygues Telecom. Et pour 2015 Bouygues table sur un environnement économique et concurrentiel qui «restera difficile en France». Mais le groupe réalisera «plus de 50%» de son c.a. «hors de France» dès cette année, a assuré M. Bouygues. Il table en outre sur un «retour à la croissance» de tous ses métiers en 2016. «Aucune négociation» sur Bouygues Telecom.Dans la construction, Bouygues a réalisé un c.a. de 26,5 milliards d’euros (+2%) l’an dernier. Il table cette année sur «une marge opérationnelle courante au niveau de 2014, en dépit d’une baisse du c.a.» dont il ne chiffre pas l’ampleur. Si l’activité construction a reculé de 7% en France, elle a crû de 16% en Europe hors France (4,8 mds EUR), de 8% sur le continent américain (3,1 mds EUR), de 6% en Asie-Océanie-Moyen-Orient (2,3 mds EUR) et de 5% en Afrique (1,3 md EUR). En revanche Bouygues Telecom a replongé dans le rouge en 2014 avec une perte nette de 41 millions d’euros, pour un c.a. de 4,4 milliards d’euros, en baisse de 5% sur un an. Cette année des charges d’exploitation non courantes de 200 millions d’euros chez Bouygues Telecom – liées notamment au partage de réseau prévu avec Numericable-SFR – grèveront le résultat opérationnel. 

Après avoir manqué l’acquisition de SFR face à Numericable, l’opérateur avait dû revoir en urgence sa stratégie et procéder à un plan de départs volontaires de quelque 1.400 salariés, réalisé à fin janvier 2015. Alors que des discussions ont eu lieu avant l’été dernier au sujet d’une éventuelle reprise de Bouygues Telecom par Iliad-Free, des rumeurs récurrentes évoquent la perspective que Numericable-SFR (Altice) reprenne la filiale du groupe Bouygues. «Nous n’avons aucune négociation en cours, les choses sont parfaitement claires», a toutefois assuré Martin Bouygues.  Dans les médias, TF1 a annoncé le 19 février un bénéfice net multiplié par  trois à 412,7 millions d’euros l’an dernier grâce à la cession de sa part de contrôle d’Eurosport, mais une rentabilité d’exploitation réduite par le coût de la Coupe du monde de football.