C. BEHAR (France 5) : «France 5 a toujours privilégié l’éclectisme des écritures»

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Caroline BEHAR, Directrice de l’Unité Documentaires de France 5 et Directrice des Acquisitions et Coproductions internationales de France Télévisions

Porteur d’une diversité de contenus, qui répond à une quête de sens, le documentaire représente plus de 52% de la grille des programmes de France 5. Pour nous parler des points clés de cette stratégie, média+ s’est entretenu avec Caroline BEHAR, Directrice de l’Unité Documentaires de France 5 et Directrice des Acquisitions et Coproductions internationales de France Télévisions.

MEDIA +

A partir du 20 novembre, France 5 lance «48 heures», une nouvelle collection documentaire en immersion au cœur de la garde à vue. France 5 est-elle en quête de nouveaux formats ?

CAROLINE BEHAR

France 5 a toujours privilégié l’éclectisme des écritures. L’idée est d’être innovant en favorisant des partis pris de réalisation et des points de vue affirmés. Sur la chaîne, nous avons des cases documentaires extrêmement variées. Nous mettons un point d’orgue à favoriser des écritures différentes, nouvelles et audacieuses. Dans «48 heures» (6X52’ – What’s Up Films), chaque épisode plonge le téléspectateur dans une affaire criminelle résolue à l’aide de procès-verbaux, d’interviews des protagonistes et de reconstitutions jouées par des comédiens. C’est un polar du réel. Nous avons souhaité programmer cette série en Prime, en dehors de nos cases documentaires classiques, à savoir le lundi à 20h50.

MEDIA +

Le mélange des genres (fiction, documentaire, animation) est-il une vraie tendance ?

CAROLINE BEHAR

On l’a toujours fait et nous le revendiquons. Le genre documentaire doit se nourrir de toutes les écritures. Néanmoins, le polar du réel dans un huis clos est quelque chose de nouveau à ce sujet.

MEDIA +

Quelle est votre logique ? Développer des séries documentaires ?

CAROLINE BEHAR

Sur France 5, le documentaire se décline en Prime Time trois fois par semaine : la soirée débat du «Monde en face», la case «Science grand format» et «Le Doc du dimanche». Dans ces cases, nous programmons des unitaires. En revanche, nous tentons de proposer 3 à 4 soirées spéciales par an à base de mini-séries. Nous l’avons fait sur «Les Gangsters et la République», «Juger Pétain» et «Les intellectuels du XXIème siècle». L’idée est d’offrir des soirées composées de 2 à 3 épisodes de 52’.

MEDIA +

Le 52’ reste-t-il votre format référent ?

CAROLINE BEHAR

Uniquement pour les soirées spéciales et «Le Doc du Dimanche». Mais nous continuons d’investir les formats longs sur des unitaires de 70 et 90’.

MEDIA +

Comment s’installe votre nouvelle case «Science grand format» ?

CAROLINE BEHAR

Proposer de la science en première partie de soirée avec des films de 90’, c’est un vrai pari pour France 5. Nous avons rencontré de très jolis succès avec «Léonard de Vinci, accélérateur de science», «Solar impulse, l’aventure impossible», ou encore «A la conquête de Titan». Nous y dévoilons le grand spectacle de la science avec des films dans lesquels le travail et la passion des scientifiques sont mis en valeur. Très prochainement, nous proposerons un film sur les pyramides de Khéops. Ce sont des programmes qui demandent énormément de travail ainsi qu’un financement important. Nous avons mis en place un réseau de partenaires internationaux. C’est pourquoi nous travaillons de concert avec des acteurs comme la ZDF, PBS ou SBS pour aider les projets français à se financer et bénéficier des coproductions à l’international.

MEDIA +

Au-delà de la période estivale, vos documentaires sont assez peu incarnés. Pourquoi ?

CAROLINE BEHAR

Le témoignage et la parole recueillie sont parfois tellement forts que nous n’avons pas besoin d’incarnant. En revanche, sur des films découvertes type «J’irai domir chez vous» ou «Nus et Culottés», l’incarnation se justifie. Il y a toujours une volonté très claire à France 5 de prendre des passeurs qui vont vivre une expérience. L’été prochain, nous allons installer de nouveaux visages comme Dorine, une jeune paraplégique, championne de voltige et passionnée d’aviation.

MEDIA +

Entre «La Case du siècle» et «La Galerie France 5», visez-vous davantage un public de niche ?

CAROLINE BEHAR

Nous visons avant tout un public de passionnés. Nous essayons d’avoir une démarche de générosité dans les histoires que l’on raconte. Nous faisons un vrai travail de fond pour rendre ces films profondément accessibles à tous. Nous travaillons sur des documentaires qui parlent de l’héritage, de la transmission et d’artistes vivants qui ont envie de raconter leur art.  Nous le faisons prochainement avec Marie-Agnès Gillot, qui, à l’aube de prendre sa retraite, nous raconte son métier de danseuse étoile.

MEDIA +

Quels seront les rendez-vous marquants ces prochaines semaines?

CAROLINE BEHAR

Pour Noël, nous aurons une série évènement «La Véritable Guerre des trônes», portée par Bruno Solo qui évoque l’épopée des dynasties rivales, de la guerre de Cent Ans à l’aube de la Renaissance. Dans le cadre d’une soirée spéciale en 2018, nous prévoyons une série documentaire portée par Bruce Toussaint sur des histoires récentes dont l’issue est déjà connue. Le premier volet portera sur l’affaire Fillon. Enfin, nous aurons la suite de la série «Les Gangsters et la République» qui reviendra sur les enjeux du grand banditisme et de la mondialisation.