C. BERTRAND (Eurodata TV) : «On constate une accélération des adaptations des formats et de leurs ventes»

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Cécile BERTRAND, Responsable d’étude et de clientèle chez Eurodata TV Worldwide

A l’occasion du Bilan 2017 des Tendances TV Internationales, Eurodata TV Worldwide a identifié les programmes les plus en vogue du moment à travers le service NoTa (New On The Air) qui a référencé plus de 9.000 lancements l’année dernière sur une cinquantaine de territoires. Décryptage avec Cécile BERTRAND, Responsable d’étude et de clientèle chez Eurodata TV Worldwide.

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Quelles sont les principales tendances qui ont marqué l’année TV dans le monde ?

CECILE BERTRAND

Reflet du monde dans lequel on vit, la télévision traduit selon nous trois axes principaux. Le premier, celui d’un monde pluriel avec des programmes qui transcrivent de manière directe et brutale les divisions que l’on peut voir dans le monde. Le deuxième axe met en avant des programmes qui permettent de surmonter ces divisions et montrer ainsi des valeurs refuges qui tentent de nous réunir. Enfin, troisième axe, la recherche d’expérience unique où l’on s’affirme en tant qu’individu.

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Quels formats TV illustrent la représentation d’un monde fracturé?

CECILE BERTRAND

Il y a une série australienne assez frappante, «Romper Stomper» diffusée sur la plateforme Stan. Il s’agit de la suite d’un film des années 90 où jouait Russell Crowe. Le long-métrage portait sur le neonazisme ancré en Australie. La série reprend l’histoire 25 ans plus tard et l’agrémente de thèmes liés à l’immigration et aux actions politiques extrêmes. En partant d’un récit passé, le programme résonne comme un véritable sujet d’actualité. Il nous montre la vision d’un monde divisé et fracturé sur ces questions sociales. Autre exemple, «Tabula Rasa», un thriller psychologique centré sur une jeune femme amnésique qui est la seule clé pour résoudre une mystérieuse affaire de disparition. Il y a une ambiance très forte sur ce programme avec des effets spéciaux et une histoire assez effrayante liée à des phénomènes paranormaux.

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Les programmes de flux sont-ils en reste ?

CECILE BERTRAND

Pas du tout ! Le format «Make Up or Break Up» créé et diffusé par Facebook Watch est une téléréalité dans laquelle un couple va se confronter à l’opinion du public. En direct, les gens peuvent voter et commenter. La question est la suivante : le couple doit-il se séparer ou rester ensemble ? Avec le service Watch, Facebook a la volonté de challenger YouTube.

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Parmi les nouveaux formats, les producteurs ont-ils recours à des «valeurs refuges» pour rassembler ?

CECILE BERTRAND

Disons qu’il y a parfois une recherche d’unité et de valeurs communes. Parmi elles, la nostalgie collective qui se traduit par exemple avec «Lego Masters» (Channel 4), une compétition de construction de Lego qui nous replonge en enfance. Nous avons aussi décelé des programmes axés sur la famille comme «Lo Meyor de la Familia», un divertissement argentin qui s’inspire des codes d’«Incroyable Talent». Cette fois-ci, une famille entière est invitée à monter sur scène pour montrer ses capacités physiques, créatives ou intellectuelles. Dans un autre genre, le programme danois «Historien om Danmark» met en avant l’histoire du pays à travers des scènes reconstituées et des spécialistes qui interviennent. L’histoire est incarnée par Lars Mikkelsen, connu internationalement pour avoir joué dans «Sherlock» ou «The Killing».

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Dernière tendance détectée, la recherche d’expérience, qu’elle soit personnelle ou collective. Que doit-on retenir ?

CECILE BERTRAND

Une nouvelle sitcom débarque aux Etats-Unis en 2018 sur ABC. Il s’agit d’«Alex, Inc.», un brillant journaliste de radio, marié et père de famille. Pourtant, il s’apprête à quitter son job contre l’avis de tous pour lancer sa propre entreprise. Mais il découvre rapidement que les choses sont plus difficiles à concrétiser qu’il ne le pensait. Côté divertissement, «AI Mission», un format chinois qui teste – sur un plateau futuriste – les limites de la technologie. Ce programme montre que l’intelligence artificielle peut être traitée dans un divertissement grand public. Autre format chinois, «The Amazing Magicians» où des illusionnistes se livrent à une compétition. La mise en scène a mis deux ans à être élaborée. Le programme a permis à la chaîne Jiangsu Sat de tripler son audience auprès des 15-34 ans.

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A la recherche du «hit planétaire», comment réagissent aujourd’hui les diffuseurs ?

CECILE BERTRAND

On constate une accélération des adaptations de formats et de leurs ventes. La première adaptation de «The Wall» par exemple a été lancée en France à peine 70 jours après la première aux Etats-Unis. Pour le marché, il y a besoin de très vite se positionner sur les formats pour ne pas laisser passer un hit format. Autre jeu qui a généré une attention particulière, «The Final Four» vendu dans un très grand nombre de pays alors qu’il n’a été diffusé qu’en Russie.