C. BOUILLET (M6) : «Les téléfilms de Noël sur M6 répondent à une vraie proposition éditoriale et marketing»

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Le fameux «Christmas Spirit» imprègne depuis près d’une décennie les après-midi de M6. La chaîne privée joue son va-tout en proposant depuis le début du mois de décembre une case dédiée aux téléfilms de Noël, particulièrement consommée par les afficionados du genre et les cibles commerciales. Pour nous expliquer ce phénomène, média+ s’est entretenu avec Christine BOUILLET, Directrice de la programmation de M6.

média+ : Le téléfilm de Noël sur M6 est-il devenu une vraie institution ?

Christine BOUILLET : Cela fait bien une dizaine d’années que l’on note ce phénomène qui prend de l’ampleur chaque saison. Au départ, ces téléfilms étaient diffusés pendant les vacances de Noël. Progressivement, nous avons élargi la programmation en les diffusant quelques jours avant. Il y a 3 ans, nous avons pris la mesure totale du phénomène en les installant début décembre, comme le calendrier de l’avent. Nous en avons fait une vraie proposition éditoriale et marketing avec un nom de case, «Un jour, une histoire de Noël», et un habillage spécifique. L’année dernière, 1,4 million de téléspectateurs en moyenne étaient au rendez-vous soit 18% de pda sur les 4+, et 26% sur les femmes responsables des achats. Ce sont de très bons scores qui valident notre stratégie autour de ce «Christmas Spirit».

média+ : Où piochez-vous ces téléfilms de Noël ? 

Christine BOUILLET : Nous observons de près la production américaine et notamment les chaînes Lifetime et Hallmark Channel. Chaque année, nous achetons une douzaine de téléfilms de Noël. Comme on le fait depuis 10 ans, M6 détient aujourd’hui un joli catalogue. On s’intéresse également aux diffuseurs allemands qui proposent des téléfilms empreints de culture anglo-saxonne et des traditions. Nos inédits de Noël sont programmés de façon très dispersée durant toute la période avec une concentration évidemment plus importante pendant les vacances. On gère les rediffusions avec parcimonie. On ne met jamais les mêmes d’une année sur l’autre.

média+ : TF1 a diffusé des téléfilms de Noël très en amont cette année. Comment réagissez-vous ?

Christine BOUILLET : Je ne vais pas commenter l’action de nos concurrents mais c’est toujours flatteur de servir d’inspiration.

média+ : Comment analysez-vous ce phénomène du «Christmas Spirit» en télévision ?

Christine BOUILLET : En arrière-plan des histoires racontées dans les téléfilms, il y a des thématiques récurrentes comme la fameuse rédemption américaine, la seconde chance, le retour aux sources ou la quête de sens. Cela donne lieu à des scènes d’esprit de Noël où les personnages se retrouvent autour du sapin. C’est ce qui plaît au téléspectateur qui n’est pas forcément dupe du message un peu simpliste qu’il peut y avoir. On vient chercher du réconfort, de la légèreté avec un aspect un peu régressif. Ces téléfilms sont regardés de façon totalement décomplexée et assumée.

média+ : La case «Un jour, une histoire» peut-elle être thématisée autour d’autres temps forts ?

Christine BOUILLET : On ne s’interdit rien ! On verra bien ce qui nous inspire pendant la saison. Particulièrement repérée, la case des téléfilms l’après-midi est celle du lâcher prise. 

média+ : Programmer des téléfilms en Prime sur M6, est-ce une possibilité ?

Christine BOUILLET : 6ter le fait déjà. Le métier de programmateur est de faire rencontrer une case horaire avec le public disponible. On sait qu’en journée, celui de M6 apprécie beaucoup les téléfilms. Ce même public est celui de 6ter en Prime Time.

média+ : Les séries de M6 en Prime doivent-elles être larges, familiales, grand public avec une touche d’humour ?

Christine BOUILLET : Typiquement, «NCIS» répond à tous ces critères, à savoir des histoires solides et des personnages attachants pour un public familial. Après, il n’y a pas de recettes miracles. Tout comme le cinéma, la série s’intègre dans une industrie du prototype. En 2017, nous serons bien servis. C’est le cas avec «Code Black» qui revisite le genre de la série médicale. Ultra-réaliste, elle s’inspire du vrai service des urgences à l’hôpital de Los Angeles. Nous aurons également 2 séries événements : «24 : Legacy», inspirée de «24 heures chrono» et la suite de «Prison Break».

média+ : 2 des 3 séries évoquées sont d’anciennes franchises. Est-ce encore une tendance ?

Christine BOUILLET : Oui, ce sont des séries qui ont marqué leur époque que l’on a envie de revoir 10 ans après. Le succès du retour de «X-Files» n’est pas anodin. Donner un coup de frais à des séries qui avaient un ADN très solide est une vraie tendance. Pour autant, on n’est pas dans la nostalgie.

média+ : Un mot sur «Once Upon a Time» déprogrammée début décembre ?

Christine BOUILLET : On a eu des audiences très décevantes. Dans ces cas-là, on reconnaît notre échec et on passe à autre chose. La série n’avait plus la puissance nécessaire pour faire un Prime sur M6. Le public évolue et la concurrence du samedi est difficile. C’est pourquoi, «Once Upon a Time» a été transférée sur 6ter. La programmation n’est pas une science exacte. C’est ce qui rend ce métier si difficile et si passionnant. Il faut être très précis et en même temps avoir de vraies convictions tout en étant humbles. Sur la série «Quantico» par exemple, on a eu l’intuition qu’elle pouvait être une parfaite saga estivale. La série a dépassé les 4,8 millions de curieux pour la 1ère diffusion l’été dernier. Ca a dépassé toutes nos espérances.