Alors que le 55ème Festival de Télévision de Monte-Carlo bat son plein, média+ s’est entretenu avec la productrice danoise Camilla HAMMERICH, à qui l’on doit la série politique «Borgen», vendue dans 70 pays. Pourquoi un tel succès ? Nous lui avons posé la question.
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Face à l’artillerie américaine des séries télévisées, la fiction danoise «Borgen» (2010-2013) s’est faite une place à l’international. Comment avez-vous opéré?
Camilla HAMMERICH
C’est la question que j’essaie de comprendre depuis deux ans. C’est pourquoi j’ai écrit un livre, «The Borgen Experience» publié la semaine dernière aux éditions ArrowFilms, et destiné aux professionnels et aux étudiants. Cette série politique a été produite par et pour la télévision de service public danoise (DR). Nos méthodes de fonctionnement sont un peu différentes des autres. Premièrement, nous avons une seule vision : le scénariste est roi. Cela fait toute la différence. L’autre principe est de disposer d’une double histoire avec une partie dédiée à la société et au monde dans lequel nous vivons. Divertissement et pédagogie sont deux notions que nous utilisons pour façonner nos fictions. «Borgen» parle de la manière dont la démocratie fonctionne au Danemark. Et les productions danoises à l’intsar de «The Killing», «The Bridge», «Borgen», ne laissent pas indifférentes et permettent d’engager la discussion. Enfin, lorsque vous avez le feu vert de la chaîne, 90% de votre série est financé. Cela signifie que nous avons très peu de décisionnaires : chef de la dramaturgie, producteur et scénariste en chef. Ce sont eux qui prennent toutes les décisions créatives. Nous n’avons pas de coproducteurs qui ont leur mot à dire.
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Pourtant, nous nous dirigeons vers un secteur internationalisé avec une place importante accordée aux coproductions…
Camilla HAMMERICH
Oui, je vous l’accorde. Mais nous avons rencontré un tel succès à l’international que les choses sont de plus en plus simples. En lançant le développement de «Borgen» en 2007, je me suis demandée s’il ne fallait pas aller récupérer de l’argent en Allemagne. Mais, ce n’était ni la volonté de DR, la chaîne danoise (diffuseur et producteur de la série), ni l’intention des autres territoires. Qui aurait pu être intéressé par une série parlant de politique danoise ? Personne. Pourtant, une fois produite, nous l’avons vendue dans 70 pays.
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Comment franchir les frontières avec une série très locale ?
Camilla HAMMERICH
Cela a été une grande surprise ! A mon avis, les téléspectateurs ne s’intéressent pas tellement à l’aspect politique du Danemark, mais plutôt à la société dans laquelle nous vivons, avec des hommes et des femmes qui entretiennent des relations. Quant à l’avenir de la franchise «Borgen» qui s’est terminée en beauté en 2013 après 30 épisodes répartis sur 3 saisons, nous verrons bien ce que nous pourrons faire d’ici 5 ans…
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Sur quel nouveau projet de série TV travaillez-vous ?
Camilla HAMMERICH
Je développe actuellement une nouvelle série sur la religion et la foi, «Rides upon the storm», inspirée d’un poème. Sur ce projet, piloté par les mêmes scénaristes que «Borgen», nous avons des budgets français… Studio Canal coproduit la série à nos côtés. La livraison est prévue en 2017 avec deux saisons de 20X60’.
