La chaîne d’info russe RT espère lancer sa version française «avant Noël»

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La chaîne d’info publique russe RT espère lancer sa version française «avant Noël», a annoncé la présidente de RT France, Xenia Fedorova, qui rejette les accusations de «propagande mensongère» au service du Kremlin. RT France diffusera ses programmes sur le câble et le satellite, ainsi que via les box de certains opérateurs de télécoms, et sur internet, précise la dirigeante. «Nous mettons les bouchées doubles pour être en mesure d’effectuer le lancement d’ici la fin de l’année, en décembre. Nous travaillons d’arrache-pied pour que ce soit fait avant Noël», a dit Xenia Fedorova, dans un entretien à l’occasion du Mipcom, le marché international des contenus audiovisuels. Le projet d’une chaîne russe ciblant la France et les pays francophone était «une étape logique dans la croissance du groupe RT», dit-elle. Après avoir créé une chaîne en anglais en 2005, il avait ensuite lancé des déclinaisons en arabe et en espagnol. La future chaîne finit de constituer ses équipes. Elle a déjà recruté des journalistes français, dont Jean-Maurice Potier, le directeur adjoint de l’information, un ancien de France 3 et LCI. Préalablement à son lancement, RT avait déjà créé en 2015 un site en français et se montre très active sur YouTube et les réseaux sociaux, où ses vidéos font régulièrement du buzz. La chaîne financée par la Fédération de Russie vise officiellement à donner un aperçu des positions russes aux télespectateurs étrangers. «RT va apporter quelque chose de nouveau et rafraîchissant. Notre slogan est : Osez questionner. Nous voulons encourager les spectateurs à poser des questions, et à penser en dehors de la «bulle d’informations» des médias «mainstream»», qui «négligent certains points de vue», dit Mme Fedorova. Avant même le lancement de son canal en Français, RT et un autre média russe proche du Kremlin, Sputnik, ont été accusés par le président Emmanuel Macron, de s’être comportés durant la campagne présidentielle française «comme des organes d’influence (…) et de propagande mensongère». «C’est absurde de critiquer une chaîne qui n’a même pas été lancée», rétorque Xenia Fedorova pour qui «les accusations qui ont été proférées contre nous par le passé sont sans fondement». «Emmanuel Macron a reproché à RT de propager des «fake news» durant la campagne (présidentielle) sans aucun fait sur lesquel s’appuyer», affirme la présidente et directrice de l’information de RT France. «Nous prenons nos décisions éditoriales dans nos salles de rédaction, et personnellement je travaille à RT depuis ses débuts et pas une seule fois il n’y a eu d’intervention sur ce que nous avions décidé de traiter ou pas. Et à RT France, les décisions seront prises ici en France par notre équipe éditoriale», assure Xenia Fedorova. Le président du gendarme français de l’audiovisuel (CSA), Olivier Schrameck, s’est dit dans un récent entretien au Monde «extrêmenent attentif» à l’égard de la chaîne russe. Il a reconnu que son lancement en France «inspirait quelque méfiance» au sein de son institution, qui a inclus dans une convention signée en 2015 avec RT France des engagements en matière d’«honnêteté de l’information». A ce propos, Mme Fedorova juge «compréhensible que le CSA nous observe de près», compte tenu dit-elle «des fausses infos qui sont propagées à propos de RT» et qui nourrissent des «rumeurs et spéculations». «Nous nous sommes engagés à respecter les règles» édictées par le CSA, et «nous ne venons pas en France avec l’intention de diffuser des informations fausses ou partiales», dit-elle. Elle compare le statut de RT à d’autres chaînes internationales financées par des Etats, comme Al-Jazeera, France 24, ou BBC World. «RT est sur le marché depuis 12 ans, et a prouvé qu’elle est une source alternative d’information, et son audience en particulier sur YouTube démontre qu’elle répond à une demande», dit Mme Fedorova.