Chris THOMES, VP, Digital Media Studio, Disney-ABC Television Group, et Membre de la Guilde des Producteurs Américains

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Au cœur du 55ème Festival de Télévisions de Monte-Carlo, se tenaient les «Content & Multiscreen Experience». L’occasion pour média+ de s’entretenir avec Chris THOMES, VP, Digital Media Studio, Disney-ABC Television Group, et Membre de la Guilde des Producteurs Américains. Il revient sur les enjeux de la profession

 

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Comment la distribution numérique va-t-elle impacter la production et les contenus dans le futur ?

Chris THOMES

Les professionnels parlent beaucoup d’acteurs comme Netflix, Hulu ou Amazon ainsi que de leurs expériences numériques qui perturbent un tant soit peu le marché. Mais la programmation de leur contenu se rapproche tout de même de la télévision classique, la délinéarisation en plus. Ils financent et distribuent leurs contenus, à leur manière… Mais une véritable production numérique d’un point de vue du format, n’est pas encore rentable aujourd’hui. Ce sera sûrement le cas à l’avenir. Nous sommes à un  stade où nous nous demandons si ces contenus seront financés par la publicité, les abonnements, ou en dehors de YouTube. L’élément clé de ces nouveaux formats sera d’avoir le même niveau de qualité que les productions de Netflix et compagnie. Financièrement,  il y a encore un long chemin à faire. 

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Amazon ou Netflix vont-ils tuer la télévision à péage ?

Chris THOMES

Non, ce n’est pas leur but. La télévision payante leur importe peu. Amazon ou Netflix ne sont que des nouveaux acteurs du câble… en quelque sorte. Ce qui les préoccupe, c’est la diffusion gratuite de leur contenu. C’est pourquoi ils se réunissent constamment. Mais il peut y avoir une grosse perturbation dans le temps. On finance beaucoup de productions et cela ne va pas pouvoir durer. Beaucoup de gens ne se rendent pas compte que la bulle peut éclater. Pour l’instant, les acteurs OTT investissent plus que cela ne vaut. Cela ne peut pas durer, et ça va faire du tort au marché.

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Vivons-nous une évolution ou une révolution du marché ?

Chris THOMES

Bien sûr que le marché évolue, mais ce n’est pas une révolution. Lorsque nous racontons des histoires dans nos productions, il faut savoir faire une chose : être bon ! Quelle que soit la plateforme, le packaging ou la manière dont cela leur parvient, les spectateurs veulent un contenu de qualité. Le reste, ils s’en fichent Le support n’a pas d’importance. C’est la notion d’hyper connectivité qui compte. J’ai actuellement en charge la direction générale et la supervision des programmes numériques chez Disney/ABC. Je supervise le développement créatif et la production de contenu créée par des producteurs externes, notamment les séries internet dérivées, les séries originales et les programmes en direct d’événements spéciaux des chaînes classiques et câblées du portefeuille du groupe Disney/ABC Television. Et je suis dans une cette logique qualitative.

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Le prochain challenge portera-t-il sur la TV gratuite, par câble ou par abonnement ?

Chris THOMES

Tous ces modèles vont changer constamment. Rien n’est standardisé. Fusions et acquisitions de sociétés et networks vont créer de nouvelles entités qui détermineront les business model futurs. La chance du numérique, c’est le big data. Autrement dit, nous connaissons les spectateurs et leurs goûts. Les profils sont connus. Et afin qu’un producteur puisse gagner de l’argent, il doit trouver le moyen de créer des productions à grande échelle en ne s’adressant pas qu’à des niches.