Le cinéaste Saura appelle l’Espagne à baisser les impôts sur le cinéma

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L’un des cinéastes espagnols les plus connus mondialement, Carlos Saura, a appelé mardi le nouveau gouvernement du socialiste Pedro Sanchez à réduire les impôts sur le cinéma et à «valoriser la culture avec un grand C». A 86 ans, Carlos Saura recevait à Madrid le prix «Dialogo» de l’amitié franco-espagnole, au côté de l’actrice française Isabelle Huppert. «En France, on valorise la culture beaucoup plus qu’en Espagne, c’est toujours un reproche que je fais à mon pays: nous devons faire un effort gigantesque, énorme, pour nous mettre à jour sur ces questions», a dit le réalisateur d’»Ana et les loups» (1972), «Cria cuervos» (1975) ou encore «Tango» (1997). «Maintenant que nous avons un nouveau gouvernement, ce que je demande, c’est que cela change et que la culture avec un grand C serve pour qu’il y ait une meilleure éducation et que l’on protège les artistes», a-t-il dit à la presse. Il a jugé que cela dépendait «énormément du gouvernement, de la fiscalité», en disant que la fiscalité actuellement appliquée au cinéma en Espagne était «une horreur». Il a souligné avoir eu personnellement «beaucoup de chance» et «reçu beaucoup de récompenses», tel l’Ours d’Or du meilleur film à la Berlinale 1981 pour «Deprisa, deprisa» («Vivre vite!»). Mais aujourd’hui, «nous vivons une époque compliquée», a-t-il dit, «les grands producteurs ont disparu (…) ils s’appellent «financiers» et ont besoin de rentabiliser immédiatement». Carlos Saura prépare un film musical, «El rey de todo el mundo», dont le tournage au Mexique a pris du retard «pour raisons financières» et une fiction visant à raconter comment Picasso conçut le plus célèbre de ses tableaux, «Guernica». Ce «Picasso et Guernica» devait se faire avec Antonio Banderas mais cet acteur espagnol incarne finalement le peintre dans une série américaine, «Genius Picasso». «Le gouvernement (espagnol) n’a pas donné la subvention (attendue) et cela a beaucoup compliqué le financement du film» de Carlos Saura, avait assuré Antonio Banderas, en mars, dans la presse. Une des raisons pour lesquelles ce projet n’a pas abouti, selon Saura, c’est qu’on lui demandait de le tourner en anglais, ce qu’il avait refusé, en faisant valoir que Picasso était espagnol et vivait en France.