Le cinéma, allié des monuments emblématiques de l’Hexagone

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Versailles, Louvre… Si les touristes se font moins nombreux depuis les attentats, les monuments emblématiques de l’Hexagone peuvent compter sur un allié de poids pour faire venir des visiteurs: le cinéma français mais aussi de plus en plus étranger qui les choisit souvent comme décors. Le «Da Vinci Code» de Ron Howard au Louvre, «Marie-Antoinette» de Sofia Coppola à Versailles, le film «Chinese Zodiak» de Jackie Chan à Chantilly ou la série britannique «Merlin» au château de Pierrefonds (Oise): tous ont en commun d’avoir contribué par le passé à doper la fréquentation de lieux touristiques. En 2017, c’est notamment sur «Befikre», 1er film de Bollywood entièrement tourné dans l’Hexagone – entre le pont parisien Alexandre III, la Tour Eiffel et les plages de Côte d’Azur – que reposent les espoirs, alors que le nombre de touristes indiens en France (524.000 en 2015) est en progression rapide. «Avec déjà 120 millions de vues sur internet pour les spots du film, plus de 20 millions de spectateurs en Inde et au moins 80 millions attendus au total, l’impact sur le tourisme indien en France va être massif», assure Olivier-René Veillon, directeur de la commission du film d’IDF, à l’occasion du Salon des lieux de tournage qui se tenait mardi et mercredi à Paris. Pour lui, «le cinéma est le meilleur pourvoyeur de visiteurs»: «l’impact est incroyable et sans commune mesure avec les moyens de communication dont dispose la promotion touristique».  Facteur favorable, les tournages de films étrangers en France se sont nettement développés l’an dernier, grâce au relèvement au 1er janvier 2016 du crédit d’impôt international, passé de 20 à 30% des dépenses du film dans l’Hexagone. Une mesure qui a amélioré drastiquement l’attractivité fiscale française, et dont profitent les lieux de tournage. «Le dynamisme de la mesure a augmenté d’au moins 20% le nombre de tournages étrangers pour nos sites», souligne Laurent Michel, chef du pôle «valorisation d’espaces» au Centre des monuments nationaux (CMN), qui gère 200 lieux en France. «C’est doublement intéressant pour nous, car si le monument est reconnu à l’écran, c’est un levier de fréquentation supplémentaire», ajoute-t-il, évoquant une hausse de 20% du tourisme britannique à Pierrefonds grâce à «Merlin». En 2016, alors que le CMN a vu la fréquentation de ses monuments baisser de près de 7%, il a accueilli notamment le film américain «War Machine» avec Brad Pitt dans les Jardins du Palais Royal, l’un de ses lieux de tournages star avec notamment le Trocadéro et sa vue sur la Tour Eiffel. Monument emblématique de Paris, celle-ci est aussi très demandée. «On a une vraie politique active d’accueil des tournages, même si ce n’est pas toujours facile parce qu’on reçoit près de 7 millions de visiteurs par an», explique Stéphane Dieu, du service de valorisation du fonds patrimonial de la Société d’exploitation de la Tour Eiffel. Au Louvre, qui a perdu 15% de visiteurs l’an dernier, les équipes de films se bousculent aussi le mardi, jour de fermeture du musée, ou la nuit. Le musée a accueilli l’an dernier notamment le tournage de «Wonder Woman», de téléfilms asiatiques ou de quelques séquences de «Cinquante nuances plus claires» et de «Befikre» au Jardin des Tuileries, soit une vingtaine de films et téléfilms au total, sans compter les publicités et documentaires. Le Château de Versailles, «icône absolue» selon Olivier-René Veillon, où la fréquentation touristique a aussi été en baisse de 15% l’an dernier, n’est pas en reste, avec principalement des films historiques, dont la série «Versailles» l’an dernier. ««Marie-Antoinette» de Sofia Coppola, qui a eu un très gros succès au Japon, avait eu un effet immédiat sur la fréquentation japonaise de Versailles l’année d’après», raconte M. Veillon. Reste que les lieux, soucieux avant tout de leur image, ne peuvent pas accueillir tous les films. Versailles a ainsi dû refuser l’an dernier le tournage du film de Dany Boon «Raid Dingue» (sorti ce mercredi) où un château saute à la fin.