«Complément d’enquête» sur Bolloré: France Télévisions rejugé sur intérêts civils

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« On a essayé d’avoir du contradictoire», de «penser contre nous-mêmes», a plaidé mardi le journaliste Tristan Waleckx pour défendre un «Complément d’enquête» diffusé en 2016 dont il est l’auteur, mais que Vincent Bolloré estime diffamatoire. En première instance en juin dernier, Tristan Waleckx et le groupe télévisuel avaient été relaxés par le tribunal correctionnel de Nanterre. Le magnat breton, ainsi que Bolloré SA et Bolloré Africa Logistics, ont fait appel, mais ce deuxième procès devant la cour d’appel de Versailles ne pouvait porter que sur les intérêts civils. Les trois plaignants estiment diffamatoires neuf séquences du portrait-enquête intitulé «Vincent Bolloré, un ami qui vous veut du bien?», pourtant couronné en 2017 du prix Albert-Londres. Chacun a réclamé 150.000 euros de dommages et intérêts pour son préjudice d’image.Dans son reportage, le journaliste retraçait le parcours de l’industriel, de la reprise de la fabrique familiale de papier à cigarettes OCB en Bretagne à la construction de son empire, en passant par la reprise en main de Canal+ et sa présence en Afrique. «On essaie de penser contre nous-mêmes quand on fait un portrait pour «Complément d’enquête»», a assuré le journaliste de 35 ans, se défendant d’avoir voulu «faire du sensationnalisme». Sur la partie africaine du reportage, «on est resté purement factuel» et «on a essayé d’avoir du contradictoire (…) mais c’était impossible d’avoir des réponses officielles» de la part du groupe Bolloré, a-t-il poursuivi. Demandant l’infirmation du jugement de Nanterre, Olivier Baratelli a dénoncé une «dramatisation», «une manipulation de l’opinion», une «mise en scène inacceptable, d’autant plus sur le service public». «Pour moi, ce reportage n’est qu’amalgame et sensationnalisme», a poursuivi le conseil, fustigeant un «manque d’hônneteté intellectuelle» et «une animosité personnelle incompréhensible» de la part du journaliste. Dans le documentaire étaient notamment mises en cause plusieurs séquences consacrées aux activités de la Socapalm, société qui produit de l’huile de palme au Cameroun et dont M. Bolloré est actionnaire. En première instance, il avait été jugé que dans huit passages du portrait-enquête, aucun des propos incriminés n’était «constitutif d’une infraction». Et dans un neuvième passage qui évoquait l’éventualité de «passe-droits» octroyés au groupe Bolloré dans un appel d’offres au Cameroun, même si cette «insinuation (…) peut paraître excessive», elle n’avait été utilisée qu’en «plein exercice de la liberté d’expression du journaliste», selon le tribunal.