Contentieux Vivendi-Mediaset : 1ère audience

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Une 1ère audience devait se tenir mardi devant la justice italienne dans le contentieux opposant Mediaset à Vivendi, assigné par le groupe de la famille Berlusconi pour ne pas avoir respecté un accord prévoyant le rachat du bouquet de télévision Premium.Mediaset réclame l’exécution du contrat, qu’il estime liant, et demande 50 millions d’euros par mois de retard à partir du 25 juillet 2016. Cet «accord stratégique», annoncé le 8 avril 2016, prévoyait le rachat par Vivendi de 100% de Premium et un échange de participations à hauteur de 3,5% entre les deux groupes. Mais le 25 juillet, le géant français des médias avait renoncé à appliquer ce contrat en évoquant des doutes sur les résultats futurs de Premium. Le président du directoire de Vivendi, Arnaud de Puyfontaine, avait ensuite expliqué que le groupe avait reçu des informations qui ne correspondaient pas à la réalité de Premium: «C’est comme s’ils nous avaient invités à dîner dans un restaurant trois étoiles et qu’ensuite nous nous étions retrouvés chez McDonald’s», avait-il affirmé. Vivendi avait alors proposé de n’acquérir que 20% de Premium tout en prenant une participation de 15% dans Mediaset, une proposition rejetée par la famille de l’ancien chef du gouvernement Silvio Berlusconi, qui avait ensuite lancé plusieurs actions en justice. Depuis, le groupe français est parvenu en un raid éclair en décembre à s’emparer de près de 30% du capital de Mediaset, dans le but de contraindre les Berlusconi à faire alliance avec lui. Une source proche de Mediaset a affirmé que les arguments de Vivendi sur Premium étaient fallacieux, le contrat étant «le résultat de mois et de mois de négociations». Le groupe français connaissait «très bien la situation de Premium: comment est-il possible que le plus grand groupe de communication en Europe ne puisse pas être capable de faire la différence entre un McDonald’s et un trois étoiles?», a souligné cette source, en précisant que Vivendi avait fait ajouter trois clauses pour pouvoir sortir du contrat (nombre d’abonnés, détention des droits de football…) et que ces clauses avaient été respectées. Au total, le groupe italien et Fininvest, la holding de la famille Berlusconi, entendent «réclamer plus d’un milliard et demi de dommages et intérêts», a expliqué récemment Pier Silvo Berlusconi, le patron de Mediaset, en évoquant les «dommages énormes» subis tant par Mediaset que par Premium.

Du 8 avril au 30 septembre, date prévue de la clôture de l’opération, le contrat prévoyait en effet que les décisions au sujet de Premium (lancement de campagnes publicitaires, investissements…) soient prises d’un commun accord entre Vivendi et Mediaset. Or selon la source proche, Vivendi «a toujours répondu en retard aux demandes de Mediaset puis à partir de mi-juin, n’a plus répondu», provoquant la paralysie du bouquet. Pour sa part, Mediaset a subi des «dommages en termes d’image, de crédibilité, sans compter la chute du titre». L’audience de mardi, prévue à 11h15 (10h15 GMT) au tribunal de Milan (nord), doit consister uniquement en un dépôt des argumentaires. Parallèlement à l’action civile, Fininvest a engagé une action au pénal contre le patron du groupe français, Vincent Bolloré, et M. de Puyfontaine pour «manipulation de marché» lors du rachat des parts de Mediaset par Vivendi. Le groupe français a qualifié de «sans fondement et abusive» la plainte déposée par les Berlusconi. Ces derniers accusent Vivendi d’avoir fait chuter «artificiellement» le cours de Mediaset avec la rupture de l’accord stratégique pour pouvoir ensuite «lancer à vil prix (…) une vraie escalade hostile». Un accord entre les deux groupes semblent désormais difficile, alors qu’aucun contact n’a plus eu lieu depuis des semaines.