Corée du Sud : la passion amoureuse, «ingrédient numéro 1» des séries à succès

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Contrairement au cinéma national qui joue la carte de la noirceur et de la violence, «la passion amoureuse est l’ingrédient numéro 1» des séries à succès en Corée du Sud, où selon le scénariste Chun ChangIl, «c’est la femme qui tient la télécommande». Ce pays est l’invité d’honneur du festival de fiction TV de La Rochelle, qui s’est ouvert mercredi. A «Hallyuwood», surnom donné aux studios coréens, environ 130 séries TV sont produites par an, indique Han Hee, directeur général du département séries TV de la société de production MBC, selon qui «la croissance des ventes de séries est meilleure» que celle des films. «Les mélodrames romantiques sont la clé du succès des séries TV chez nous, contrairement au cinéma où le genre policier l’emporte», précise-t-il. Le phénomène des séries TV «prend de plus en plus d’ampleur chez nous», confirme Kim WonSeok, le réalisateur de «Signal», série présentée à La Rochelle. «Comme à Hollywood, la production de séries s’empare des studios de cinéma. Les séries coréennes s’exportent bien en Asie, mais on tend à dépendre trop du marché étranger, chinois, japonais», regrette-t-il. Les formats des séries coréennes varient entre 12, 16 et 20 épisodes de 63 minutes, et se déclinent rarement en plusieurs saisons. «Parfois, on peut faire 50 épisodes pour des séries en costume, mais c’est rare», ajoute Song JaeJeong, la scénariste de «W – Two worlds» projetée au festival. Quand une série européenne de prestige peut dépasser un million d’euros par épisode, et qu’une production hollywoodienne peut grimper à plusieurs millions de dollars, un épisode d’une série coréenne coûte en moyenne près de 400.000 euros, et «ce rapport qualité/prix explique le succès en Asie», souligne Kim EunHee, la scénariste de «Signal». Elle-même admet préférer les thrillers aux romances. D’ailleurs, elle prépare pour Netflix «Kingdom» (Royaume), une série «sur la dernière dynastie coréenne, mais il y aura des zombies. J’ai imaginé ce qu’il se passerait avec des zombies», confie-t-elle en jubilant. «Ce sont des créatures occidentales mêlées à un environnement historique, au milieu de décors et en costume d’époque». Chun ChangIl, célèbre scénariste de fiction TV et de cinéma, joue lui la carte du romantisme. Sa dernière création s’intitule «The Package» (Voyage organisé) qui atteindra les écrans coréens en octobre et dont il présente un épisode jeudi à La Rochelle. Sa fiction raconte le voyage en France d’un groupe de touristes coréens. «Je voulais raconter une belle histoire, alors j’ai choisi un beau pays», déclare-t-il. Avec l’équipe dirigée par le réalisateur Chun ChangKeun, ils ont tourné 12 épisodes d’une heure, entre septembre et octobre 2016. «Nous sommes allés à Rennes, à Honfleur, Deauville, Trouville, Saint Malo, Paris et à Auvers-sur-Oise, où se trouve la tombe de Van Gogh», ajoute ce dernier. «La découverte du Mont Saint Michel a été un coup de coeur. D’ailleurs un des personnages de la série y déclare «ici, la foi des hommes peut trouver Dieu», raconte-t-il. «C’est une série romantique qui explore l’amour, entre un père et sa fille, 2 jeunes amoureux, un couple marié et un vieux couple qui s’ennuie», précise-t-il, «il s’agit du cycle de vie, à chaque âge, une expérience de l’amour différente». Le scénariste écrit actuellement une série qui se déroule au XVIe siècle, «et c’est encore une histoire d’amour mais aussi d’amitié», dit-il, en riant. «Dans le foyer, c’est la femme qui tient la télécommande !». «Les romances sont notre point fort», enchérit Park JoonSuh, producteur chez Drama House. Selon lui, l’industrie devrait varier les genres, produire des séries policières, des thrillers, de la science-fiction même. «Mais je ne suis pas sûr de vivre assez vieux pour enfin voir ça!».