La Cour des comptes épingle la présidence de Mathieu Gallet à l’Institut national de l’audiovisuel

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Un rapport provisoire de la Cour des comptes épingle la présidence de Mathieu Gallet à l’Institut national de l’audiovisuel (INA), notamment pour un recours «fréquent et très coûteux» à des contrats de conseils, révèle lundi Mediapart.

Ce pré-rapport, consacré à la gestion de l’INA de 2007 à 2014, est toujours «en cours de contradiction», selon Mediapart, et les conclusions définitives sont attendues cet été, après la réponse des personnes mises en causes. Selon Mediapart, 1,7 million d’euros de contrats de conseils en communication et stratégie ont été signés, tantôt sur appel d’offres (Publicis, Roland Berger Strategy), tantôt sans mise en concurrence (Denis Pingaud, Bernard Spitz Conseil), pendant la présidence de Mathieu Gallet, de mai 2010 à mai 2014.

Une enquête préliminaire pour «favoritisme» a été ouverte mi-2015, après un signalement du ministère de la Culture, sur certains contrats passés entre 2010 et 2014 «susceptibles d’être irréguliers au regard des règles encadrant l’attribution des marchés publics», selon le parquet de Créteil. Selon son avocat, Me Christophe Ingrain, Mathieu Gallet «conteste la présentation qui est faite par Mediapart» et, «compte tenu de la procédure en cours, réserve ses explications à la Cour des comptes». D’après Mediapart, la Cour juge le recours à ces prestations extérieures «fréquent et très coûteux».

Le pré-rapport épluche notamment des contrats de conseils commandés à Denis Pingaud, actuel conseiller en communication de Mathieu Gallet à Radio France, via OpinionWay dont il était numéro deux, et via sa société personnelle Balises.

Pour OpinionWay, la Cour juge que les contrats «auraient dû conduire à une publicité sur le site ina.fr, une consultation par écrit, et au moins trois devis», et que «le département des achats aurait dû être saisi», rapporte Mediapart.

Pour Balises, «les prestations commandées ne paraissent pas avoir répondu à une nécessité incontestable pour l’INA», estime le pré-rapport. Commentant l’ensemble des sociétés retenues hors mise en concurrence sous l’ère Gallet, la Cour estime que «les contrôles interne ou externe montrent a posteriori que le choix des procédures était inadapté, voire irrégulier», indique Mediapart.

Un autre volet du rapport pointe les frais de réception de l’ancien président de l’INA: 61.063 euros entre 2012 et avril 2014, «soit une moyenne de plus de 2.300 euros par mois, ce qui paraît très conséquent pour un établissement de la taille de l’INA», souligne la Cour. En comparaison, l’ex-présidente de l’Institut national de l’audiovisuel, Agnès Saal, condamnée pour des frais de taxi indus et également épinglée dans le rapport, a présenté 546 euros de frais de réception par mois sur ses huit premiers mois, selon Mediapart.

L’an dernier, le coût des travaux de rénovation du bureau de Mathieu Gallet à Radio France, dont il est aujourd’hui Président Directeur Général, avait été au centre d’une polémique, mais l’Inspection générale des finances (IGF) avait jugé que ces dépenses ne présentaient «pas de caractère abusif».