Danielle Darrieux : inoubliable actrice aux plus de 100 films

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Inoubliable actrice aux plus de 100 films, Danielle Darrieux a incarné, avant Brigitte Bardot et Catherine Deneuve, une certaine idée de la féminité à la française : élégante, piquante, absolue. Cette comédienne à la carrière hors pair et d’une longévité exceptionnelle – huit décennies à l’écran et à la scène, une bonne centaine de films et plus d’une trentaine de pièces de théâtre – a été un archétype de la beauté féminine pour toute une génération. Elle a été la partenaire de Charles Boyer dans «La ronde» (1951), de Jean Gabin dans «La Vérité sur Bébé Donge» (1953) ou de Gérard Philipe dans «Le Rouge et le Noir» (1954). Danielle Darrieux, dont la moue boudeuse faisait le bonheur des photographes, a aussi tourné aux Etats-Unis, comme dans «L’affaire Cicéron» de Joseph Mankiewicz, en 1952, un an avant que Max Ophüls ne lui offre son plus beau rôle dans «Madame de…», adapté du roman de Louise de Vilmorin. Née le 1er mai 1917 à Bordeaux, fille d’un médecin, elle souffle ses 14 bougies sur le plateau de son 1er film «le Bal», de Wilhelm Thiele en 1931. Elle devient avant la guerre l’une des rares actrices françaises à mener une carrière internationale : en Allemagne, elle tourne «Château de rêve» (1932), en Tchécoslovaquie «Volga en flammes» (1934), en Hongrie «Katia» (1938). De «Mayerling» (1935), son 1er rôle tragique, à «Battements de coeur» (1939) d’Henri Decoin, son 1er mari, elle est la coqueluche de l’avant-guerre. On l’appelait alors par ses initiales : DD. Hollywood lui ouvre rapidement les portes. Elle signe un contrat de 7 ans avec les studios Universal, tourne «La coqueluche de Paris» avec Douglas Fairbanks Jr, en 1938. Mais, très vite, DD s’ennuie et, au bout d’un an, casse son contrat pour rentrer en France.Elle divorce en 1941, se remarie en 1942 avec le diplomate et play-boy dominicain Porfirio Rubirosa. L’actrice n’interrompt pas son activité en France sous l’Occupation, tournant pour la Continental, la société de production allemande installée à Paris. Elle fait partie du fameux voyage à Berlin en 1942 avec d’autres acteurs français. «Femme amoureuse», selon ses mots, elle dit avoir accepté cette «invitation» pour voir Rubirosa, qui, soupçonné d’espionnage, venait d’être arrêté par les Allemands. Celle qu’on surnomme aussi «la fiancée de Paris» passe la fin de la guerre en résidence surveillée à Megève, précisant n’avoir été qu’«un peu embêtée» à la Libération». Elle se marie une 3ème fois en 1948 avec le scénariste Georges Mitsinkidès et commence une 2de carrière. Longtemps vouée aux rôles d’ingénue, elle démontre un talent de tragédienne dans les années 50, notamment dans «Ruy Blas» (Jean Cocteau), «La ronde» et surtout dans «Madame de…». Le chef d’oeuvre de Max Ophüls restera son film préféré. En 1958, elle joue «Marie-Octobre» de Julien Duvivier, un succès. D’autres suivront comme «Les Demoiselles de Rochefort», où elle est la seule à savoir chanter (1967). A la scène, elle triomphe à Broadway en 1971 dans une comédie musicale sur Coco Chanel. «On m’avait demandé de remplacer Katherine Hepburn, je me suis dis: si j’en sors vivante, je n’aurai jamais plus le trac», raconte-t-elle. Elle connaît le même succès à Londres, l’année suivante, dans «The Ambassador», puis à Paris dans «Domino» (1974), «Adélaïde 90» (1989) ou «Ne coupez pas mes arbres» (1993). En 2003, l’infatigable comédienne se lance un nouveau défi, créant «Oscar et la dame rose», un monologue d’Eric-Emmanuel Schmitt qu’elle interprète seule sur scène et lui vaut de remporter un Molière. A un âge avancé, Danielle Darrieux a inspiré les jeunes réalisateurs comme François Ozon dans «Huit femmes» (2002). «Elle n’est pas une vieille dame, estimait Catherine Deneuve, pour la 3ème fois sa fille à l’écran. C’est,la seule femme qui m’empêche d’avoir peur de vieillir».