Documentaire sur le Crédit Mutuel: le coréalisateur Nicolas Vescovacci accuse Canal+ de «mensonges»

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Nicolas Vescovacci, coréalisateur du documentaire sur le Crédit Mutuel déprogrammé l’an dernier par Canal+, a accusé de «mensonges» ses dirigeants, Vincent Bolloré et Maxime Saada, qui ont nié mercredi tout acte de censure.

«Vincent Bolloré lui-même, le 25 septembre, a reconnu devant une centaine de journalistes d’iTELE que Michel Lucas l’avait appelé en direct pour lui signaler ce reportage qu’il jugeait partial, et qu’il avait transmis le dossier à Rodolphe Belmer» (alors directeur général de Canal+), a déclaré le réalisateur.  «C’est lui qui a censuré ce film, et M. Saada est complice de cette censure», a ajouté Nicolas Vescovaci, qui n’est pas salarié de Canal+.

Canal+ a déprogrammé, en mai 2015, une enquête sur l’évasion fiscale au Crédit Mutuel, banque partenaire de Vivendi, diffusée finalement sur France 3 en octobre.

RSF et le collectif de journalistes «Informer n’est pas un délit» avaient dénoncé une censure et réclamé au Conseil supérieur de l’audiovisuel l’ouverture d’une enquête. Cette affaire a entraîné le dépôt d’une proposition de loi sur l’indépendance des médias, actuellement examinée au Parlement.

Interrogé devant une commission du Sénat, Vincent Bolloré a jugé mercredi que ces accusations étaient «des blagues pour éviter la diète» imposée au groupe. Son n°2, Maxime Saada, a affirmé qu’il n’y avait «jamais eu la moindre intervention de Vincent Bolloré sur un programme de la galaxie Canal+».

Contrairement à ce qu’a dit M. Saada, «il est tout aussi faux que Canal ait autorisé France Télévisions à diffuser ce film», a poursuivi le réalisateur, «ils ont au contraire tout fait pour empêcher sa diffusion».

Nicolas Vescovacci a aussi contesté l’affirmation de Maxime Saada selon laquelle Canal+ aurait déprogrammé le films car «il ne l’intéressait plus» puisque «les informations étaient sorties dans Mediapart». «Ils ont changé de version, car ils avaient d’abord nié la déprogrammation. Et la chronologie leur donne tort car le documentaire donnait bien plus d’informations que celles parues dans Mediapart», a-t-il dit.

Canal+ avait engagé puis renoncé en octobre à une procédure de licenciement contre Jean-Baptiste Rivoire, rédacteur en chef adjoint de «Spécial Investigation», dont l’équipe a réalisé l’enquête.

Le collectif «Informer n’est pas un délit», dont fait partie Nicolas Vescovacci, s’est dit «estomaqué de ces mensonges répétés». «Nous avons les preuves de cette censure sur le Crédit Mutuel. Il est intolérable qu’un grand patron de chaîne puisse mentir ouvertement aux institutions sur ce sujet grave du droit à l’information». Il a aussi dénoncé la diffusion sur D8 en octobre d’un film «estampillé documentaire» sur le tournoi de foot «Danone nations cup», intitulé «Playground, croire en ses rêves», qui «est en réalité une publicité clandestine au profit de Danone, financé par Danone et produit par l’agence de publicité Havas, propriété de Vivendi».