Entretien avec Fabrice de la PATELLIERE, Directeur de la fiction de Canal+

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Les créations originales de Canal+ sont régulièrement glorifiées par la critique. Quelles sont vos ambitions en la matière ?
FABRICE DE LA PATELLIERE
Proposer des fictions «Premium», c’est notre ambition ! Globalement, nous sommes très fiers de ce que nous avons offert jusqu’à présent car notre objectif est de proposer une fiction exclusive, originale en étant – à chaque fois – sur des sujets qui ne sont pas, ou très peu traités en France. Nous nous donnons aussi les moyens financiers et artistiques pour y arriver. Pour la saison 2011-2012, notre budget tourne autour de 40M€. Par la suite, si le succès se confirme, le budget sera éventuellement augmenté et nous ferons peut-être une série supplémentaire. En 5 ans, nous sommes passés d’un budget de 5M€ à 40M€. Nous recevons autour de 500 projets par an et nous visons à chaque fois l’excellence.
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Votre objectif est-il de vous ouvrir, à présent, à de nouveaux genres ?
FABRICE DE LA PATELLIERE
Oui, nous nous ouvrons à différents genres. Depuis 6 ans, nous continuons à creuser le sillon des unitaires politiques en produisant une dizaine de films par an. A côté de cela, nous programmons des séries françaises de 52’ qui reviennent d’une saison à l’autre («Engrenages», «Mafiosa», «Braquo», «Maison Close»,…). Au départ, nous nous étions axés sur la fiction contemporaine mais dorénavant nous nous ouvrons aussi sur les fictions en costumes. La prochaine série en production sera vraisemblablement «Les Revenants» (Haut et Court), notre première série fantastique. Nous nous sommes aussi lancés dans la comédie avec «Platane», et nous diffuserons prochainement «Kaboul Kitchen» (12X56’ – Chic Films et Scarlett Productions). Depuis 18 mois, nous développons aussi des projets de coproductions internationales en anglais.
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La coproduction internationale, un enjeu avant tout économique?
FABRICE DE LA PATELLIERE
Bien sûr ! C’est une manière de mieux financer les programmes et d’aborder des sujets dans des formats que nous ne pourrions pas envisager dans un financement franco-français. La coproduction internationale, c’est un double enjeu : à la fois pour Canal+ mais aussi pour la production française. L’initiative de ces coproductions est généralement française. L’année dernière, en coproduction, nous avons eu «XIII», cette année «Les Borgia» et prochainement des projets de fictions contemporaines et en costumes. Notre implication dans la fiction est devenue stratégique pour nous.
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Vos séries s’exportent-elles à l’internationale ?
FABRICE DE LA PATELLIERE
Des séries comme «Mafiosa» ou «Engrenages» s’exportent dans plus de 70 pays. Des territoires comme l’Angleterre – le Japon ou l’Australie, qui au départ n’étaient pas très ouverts à la fiction française – les ont achetées.
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Pourquoi avoir arrêté la série «Pigalle, la nuit» ?
FABRICE DE LA PATELLIERE
Au stade de l’écriture de la saison 2, nous avons décidé d’arrêter la série car nous avions le sentiment de ne pas pouvoir réussir à faire mieux que la saison 1. Au départ, «Pigalle, la nuit», c’est l’histoire d’une mini-série bouclée. Elle nous plaisait à tel point que nous nous sommes dit: c’est dommage ! Avec un univers et des personnages aussi forts, essayons d’en faire une véritable série. Malheureusement, la réflexion initiée au départ n’avait pas été menée à bien, et nous l’avons payé en travaillant sur la saison 2.
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Certains médias ont annoncé un clap de fin pour la série «Braquo». Qu’en est-il ?
FABRICE DE LA PATELLIERE
Oui, j’ai lu des bêtises dans la presse. Olivier Marchal (créateur de la série) a toujours parlé de trois saisons quand il est venu nous proposer «Braquo». Aujourd’hui la saison 2 est en fin de post-production et elle sera diffusée rapidement. Jusqu’à présent, il n’a jamais été question de faire 4 à 5 saisons. Après, les choses peuvent toujours évoluer.