Fabrice de la PATELLIERE, Directeur de la fiction française et des coproductions de Canal+

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Les fictions françaises de Canal+ sont à la fois exigeantes et transgressives. Vous est-il compliqué de maintenir le cap ?
Fabrice DE LA PATELLIERE
Depuis que nous investissons dans la fiction française, nous nous mettons quotidiennement la pression. Et notre équipe a l’appétit nécessaire pour atteindre un certain niveau d’exigence. En ce sens, nous avons réussi à revisiter en quelques années la série policière («Engrenage», «Braquo»), à remettre au goût du jour la fiction en costumes («Maison Close», «Borgia»), et à apporter un nouveau regard sur le fantastique («Les Revenants»). Notre volonté est de proposer une diversité de séries. Avec un budget de 40M€, nous proposons chaque saison quatre séries et presque autant d’unitaires.
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A terme, comment vos Créations Originales vont-elles se démarquer ?
Fabrice DE LA PATELLIERE
La difficulté est de conserver cette longueur d’avance sur la concurrence. Ces dernières années, la série française a significativement progressé : audace retrouvée, multiplicité des sujets abordés… Nous y voyons une nouvelle manière de créer des personnages, de construire des récits – de plus en plus réalistes – avec un soin particulier apporté à la production, aux décors et aux costumes. Très admiratifs du travail des Américains, nous ne voulons pas pour autant les copier. Mais lorsque vous regardez «Breaking Bad» ou «Homeland», vous êtes soufflés par la puissance des concepts et la force du récit. La nouvelle génération de producteurs et d’auteurs français sont d’ailleurs très inspirés par ces fictions US.
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Au milieu des centaines de projets que vous recevez, comment sélectionnez-vous au mieux les propositions qui pourront donner lieu à une série ou un téléfilm ?
Fabrice DE LA PATELLIERE
C’est assez difficile. Il n’y a pas de critères prédéterminés. Chaque projet est lu à plusieurs, nous en discutons, et nous essayons de trouver ce qui n’a pas été fait sur notre antenne.
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Continuez-vous à creuser le sillon des unitaires politiques ?
Fabrice DE LA PATELLIERE
Pas nécessairement ! Lorsque nous avons lancé des unitaires politiques, nous étions les seuls à le faire. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Du coup, nous allons vraisemblablement passer à autre chose et trouver une idée qui nous permettra de nous distinguer des autres chaînes. Nous réfléchissons – par exemple – à des mini-séries événementielles, qui seraient des adaptations, mais pas seulement.
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Quels sont les projets «Fictions» pour Canal + en 2013 ?
Fabrice DE LA PATELLIERE
Côté comédie, nous aurons prochainement la 2nd saison de «Platane» et de «Kaboul Kitchen». D’autres projets de comédie feuilletonnante de 30’ sont en préparation. La 2ème saison de «Borgia» sera diffusée en mars et nous proposerons bientôt le film de Pierre Schoeller, «Les Anonymes» (120’) qui revient sur l’assassinat du préfet Érignac à Ajaccio, et sur l’arrestation des «Anonymes» condamnés pour ce crime.
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Souhaitez-vous rivaliser avec les coproductions internationales anglo-saxonnes ?
Fabrice DE LA PATELLIERE
Oui, nous essayons ! Pour que la production française ne soit pas dépassée, elle doit être capable de participer à des projets de coproductions internationales. Canal+ veut devenir un partenaire crédible de ce type d’initiatives. «Borgia» par exemple, est une coproduction internationale européenne qui a marqué les esprits. Plusieurs projets de coproductions sont d’ailleurs en écriture. A ce titre, nous tournons actuellement «Le Tunnel» (10X52’ – Shine France/ Kudos), une coproduction entre Canal+ et Sky. Il s’agit d’une histoire policière entre le Nord de la France et le Sud de l’Angleterre autour d’un cadavre retrouvé au milieu du tunnel sous la Manche.
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Espérez-vous dégager des recettes significatives à l’international avec vos fictions ?
Fabrice DE LA PATELLIERE
Pour continuer à investir significativement dans la fiction, il est en effet important que l’on puisse dégager des recettes, notamment à l’international. L’enjeu sous-jacent est d’accélérer le processus de production et de proposer des séries d’au moins 12 épisodes, chaque année, et non pas tous les deux ans comme actuellement.