Face aux séries américaines, les séries québecoises doivent rivaliser de créativité

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Pour exister face à la concurrence écrasante de leur voisin américain, les séries télé du Québec doivent rivaliser de créativité, une exigence qui leur permet de prospérer en Europe, estiment les professionnels réunis au Festival de la Rochelle. Encore TV, société de production québécoise, a produit cinq séries l’an dernier qui ont atteint des sommets d’audiences (de 35 à 50%) en première partie de soirée dans la province francophone pour la plus grande satisfaction de son président François Rozon. Deux d’entre elles, «Pour Sarah» (10×60 minutes) et «Boomerang» (36×30 mn) sont projetées cette semaine à La Rochelle. La production locale est stimulée par l’innovation des voisins américains: «Cela nous a ouvert des horizons. Et maintenant, le Canada anglophone commence à regarder de notre côté», af rme le producteur, «même Net ix s’intéresse à «Pour Sarah»». En 2002, il a été le premier acheteurétrangerdelasérie«Caméra Café». Au Québec, où les pastilles quotidiennes de quelques minutes n’existent pas, il a fallu adapter le concept au format de 22 minutes. «Elle a si bien marché, qu’on a tourné plus d’épisodes que l’originale», raconte François Rozon, «elle a duré dix ans». Autre série à succès de son catalogue, «Les beaux malaises», créée par l’humoriste québecois Martin Matte, sera adaptée en France par M6. «C’est de l’auto ction comique», un peu à la façon de «Dix pour cent» sur France 2, mais«d’une audace extrême»,estime le producteur. C’est Franck Dubosc, qui raconte avoir «beaucoup travaillé au Québec» et le réalisateur Eric Lavaine qui ont travaillé à l’adaptation française. Une télé vigoureuse, vivante : «Les beaux malaises» a aussi connu un phénoménal succès d’audience au Québec, en captivant deux millions de téléspectateurs en première partie de soirée, sur huit millions d’habitants, soit environ 50% de parts de marché. M6 diffusera le 4 octobre quatre épisodes de cette nouvelle série. «L’audimat nous dira si nous continuons, comme je l’espère !», prévoit Franck Dubosc, qui rejoint dimanche le Québec pour tourner un épisode exceptionnel de sa «vraie fausse vie» avec Martin Matte. L’originalité sera également au rendez-vous l’an prochain, avec «Fatale-Station», western moderne et drôle qu’Arte a pré-acheté avec Radio Canada. Yves Bigot, directeur général de TV5 Monde, sr dit frappé par le niveau d’industrialisation «bluffant» des studios de la chaîne publique du Québec: «C’est Hollywood en sous- sol!» Ils sont soumis à «des conditions climatiques extrêmes» qui limitent les tournages en extérieur une bonne partie de l’année, a-t-il expliqué. La productrice Sylvie Fréchette, de AvantiCinéVidéo – qui a créé «Un Gars, Un lle», adaptée en France au format court et diffusée sur France 2, avec Jean Dujardin et Alexandra Lamy – présente à La Rochelle «Mon exàmoi».«Toutlemondeveutdela comédie au Québec», assure-t-elle. Les Québécois sont attachés à leur télé. «Elle participe de notre culture, de notre identité. Elle est vigoureuse, vivante !». Le Québec est «un petit territoire francophone noyé au milieu d’un océan d’Américains et d’hispanophones», rappelle-t-elle. Et comme les habitants de Montréal disposent de toutes les chaînes américaines et du Canada anglophone, la concurrence est âpre. «Même entre nous!», lance la productrice. Pour moins d’une dizaine dechaînes,cesont38nouvellesséries quiontétéannoncées.Avec300.000 euros en moyenne par épisode, – ces «budgets serrés» n’empêchent pas les auteurs de toucher 10% du budget de production comme les Américains-, «nous faisons plus avec moins et arrivons à nous débrouiller» en rivalisant «d’ingéniosité», estime Sylvie Fréchette.