Facebook : des groupes télécoms chinois, dont Huawei, ont eu accès à des données privées 

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World Economic Forum, WEF, in Davos, Switzerland - 20 Jan 2017
Mandatory Credit: Photo by GIAN EHRENZELLER/EPA/REX/Shutterstock (7916860az) The facebook logo inside the facebook Chalet on the sideline of the 47th annual meeting of the World Economic Forum, WEF, in Davos, Switzerland, 20 January 2017. The meeting brings together enterpreneurs, scientists, chief executive and political leaders in Davos January 17 to 20. World Economic Forum, WEF, in Davos, Switzerland - 20 Jan 2017

Facebook a indiqué mardi que des groupes télécoms chinois, dont Huawei, ont eu accès à des données privées d’utilisateurs, alors même que cette entreprise est accusée par les Américains d’être un bras armé technologique de Pékin. Huawei, ainsi que Lenovo, OPPO et TCL, fait partie des fabricants de smartphones qui ont signé, il y a des années, des accords de collaboration avec Facebook pour pouvoir rendre leurs appareils compatibles techniquement avec le réseau social américain. C’était avant les boutiques en ligne d’applications comme l’App Store (Apple) ou Google Play: Facebook, né en 2004, n’avait pas d’application standardisée et devait donc conclure, fabricant par fabricant, des accords de collaboration pour que ses services puissent être proposés aux utilisateurs des différents modèles de mobiles. Lundi, réagissant à un article du «NYT», Facebook avait confirmé l’existence de ce type d’accords avec nombre de fabricants mais sans citer de groupes chinois. Facebook disait aussi avoir toujours veillé à ce que l’accès aux données ne se fasse pas sans l’accord des utilisateurs, ne pas avoir connaissance d’usage frauduleux de ces données et avoir commencé à mettre fin à ces contrats. Mais mardi, après un nouvel article du «NYT», Facebook a reconnu que des groupes chinois faisaient partie de ces fabricants tout en précisant que le contrat avec Huawei serait rompu dans les prochains jours. «Huawei est le 3ème plus grand fabricant d’appareils mobiles dans le monde et ses appareils sont utilisés partout dans le monde(…). Facebook, comme d’autres entreprises technologiques américaines a travaillé avec lui, et d’autres fabricants chinois, pour rendre compatible (Facebook) avec leurs téléphones», a indiqué Francisco Varela, chargé des partenariats mobiles au sein de l’entreprise dirigée par Mark Zuckerberg. «Compte tenu de l’intérêt de la part du Congrès, nous voulions préciser clairement que toutes les informations» permettant de rendre Facebook compatible avec les téléphones Huawei «étaient stockées dans l’appareil et non les serveurs de Huawei», a encore dit M. Varela. Mais ces révélations ont déclenché la colère de Mark Warner, vice-président de la commission sénatoriale sur le renseignement, qui juge que Huawei est une menace pour la sécurité nationale. «(…) j’ai hâte de savoir comment Facebook s’est assuré que les informations sur ses usagers n’étaient pas arrivées jusqu’à des serveurs chinois», a réagi le sénateur démocrate.Selon lui, les «relations étroites» entre le pouvoir chinois et Huawei sont connues «depuis 2012». Le groupe a toujours nié avec vigueur les soupçons de proximité avec le pouvoir chinois et rappelle régulièrement qu’il est présent dans 170 pays. Début mai, le Pentagone a interdit à ses personnels d’acheter des smartphones Huawei (et ZTE) en raison de risques de sécurité «inacceptables». Pour les Américains, des entreprises comme Huawei sont susceptibles de faire de l’espionnage pour Pékin. Ces informations tombent d’autant plus mal qu’elles interviennent dans un climat d’extrêmes tensions commerciales entre Pékin et Washington, sur fond de menace de guerre commerciale via des taxes douanières punitives. 
Les Etats-Unis et la Chine sont en outre en concurrence frontale pour la domination dans les télécommunications, en particulier avec le déploiement de la 5G, l’internet mobile ultra rapide. Il s’agit aussi évidemment d’un nouveau boulet au pied de Facebook, déjà empêtré depuis mi-mars dans le scandale Cambridge Analytica. Cette société britannique est accusée d’avoir collecté et exploité sans leur consentement les données personnelles de 87 millions d’utilisateurs à des fins politiques. Ces données personnelles avaient transité par une application tierce de tests psychologiques proposée sur Facebook.