Facebook se débat toujours dans le scandale Cambridge Analytica

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FILE - In this March 15, 2013 file photo, a Facebook employee walks past a sign at Facebook headquarters in Menlo Park, Calif. Facebook and Yahoo on Monday, Sept. 9, 2013 asked a secret court to allow them to disclose data on national security orders the companies have received under the Foreign Intelligence Surveillance Act. (AP Photo/Jeff Chiu, File)

Accusé de ne pas protéger suffisamment les données de ses utilisateurs et malgré de nouvelles excuses, Facebook se débattait toujours lundi dans le scandale Cambridge Analytica, qui lui a déjà fait perdre des dizaines de milliards en Bourse. L’annonce lundi d’une enquête par le régulateur américain du commerce (Federal Trade Commission, FTC) qui souhaite examiner les pratiques du groupe en matière de données privées, a plombé le titre (jusqu’à -6%) pendant une bonne partie de la journée avant que celui-ci ne remonte en fin de séance, clôturant en hausse de 0,42% à 160 dollars entrainé par un marché euphorique. Il n’en reste pas moins que le scandale autour de l’utilisation par la firme britannique Cambridge Analytica (CA) des données privées de 50 millions d’utilisateurs du réseau social à des fins politiques a déjà fait partir en fumée plus de 70 milliards de dollars de capitalisation boursière au groupe. «La FTC est fermement et entièrement décidée à utiliser tous les outils dont elle dispose pour protéger la vie privée des consommateurs», a fait savoir l’organisme officiel lundi.Le régulateur veut notamment savoir si Facebook a violé un accord amiable qu’ils ont signé en 2011, le réseau social étant alors accusé d’avoir «trompé» les consommateurs en leur disant à tort que leurs données étaient confidentielles alors qu’il les avait «partagées» de façon «répétée». «Les entreprises qui ont conclu un accord avec la FTC doivent aussi se conformer aux règles (de la FTC) sur la protection et la sécurité des données personnelles», a précisé lundi le régulateur en guise d’avertissement.Cet accord amiable – dont le contenu reste disponible sur le site internet de la FTC – contenait huit points contre Facebook, qui s’était engagé à l’époque à changer ses pratiques notamment en recueillant l’accord explicite des utilisateurs concernant l’usage de leurs données et en ne faisant plus de déclarations trompeuses sur la confidentialité des données. Plus précisément, la FTC pointait notamment le problème des applications tierces auxquelles on accède via son compte Facebook. C’est une application de ce type qui a permis à CA de mettre la main sur les données des utilisateurs. Alors que Facebook prétendait que ces applications externes n’accédaient qu’à une quantité limitée de données, «en réalité, ces «applis» pouvaient accéder à toutes les données personnelles de l’utilisateur», accusait la FTC en 2011. La semaine dernière, le patron de Facebook Mark Zuckerberg a expliqué avoir – en 2014 – «modifié entièrement la plate-forme pour limiter de façon très importante la quantité de données auxquelles pouvaient accéder ces applications» tierces. Le réseau social aux plus de 2 milliards d’utilisateurs dans le monde s’exposerait à des amendes s’il était démontré qu’il a enfreint l’accord amiable de 2011. Il a aussi dû s’expliquer dimanche après l’affirmation par le magazine spécialisé «Ars Technica» que le groupe collectait aussi des informations sur les SMS et les appels d’utilisateurs de certains smartphones fonctionnant sous Android, le système mobile de Google. Sur son blog, Facebook a reconnu qu’une fonction optionnelle permettait en effet à certaines applications, comme son propre service de messagerie Messenger, d’accéder aux contacts de l’utilisateur. Cette fonction «nous permet aussi d’utiliser des informations comme le moment où un appel ou un SMS a été passé ou reçu», a écrit Facebook, assurant qu’il «ne collecte pas le contenu des appels ni des SMS». Facebook fait face depuis plus d’une semaine à des enquêtes et des critiques tous azimuts, essentiellement en Europe et aux Etats-Unis. Mark Zuckerberg est invité par des parlementaires à venir s’expliquer devant le Congrès américain et le Parlement européen.