Festival de Colcoa met à l’honneur les femmes réalisatrices 

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Le plus grand festival de film français au monde, Colcoa, situé à Los Angeles en Californie, se met à l’heure du mouvement #MeToo en braquant les projecteurs sur les femmes, réalisatrices en particulier, avec Mélanie Laurent invitée d’honneur. La 22ème édition de Colcoa (City of Lights, City of Angels) programme un record de 86 films, séries télévisées et expériences de réalité virtuelle, dont beaucoup n’ont jamais été vues auparavant aux Etats-Unis. Le festival démarre le 23 avril avec la première nord-américaine de «La promesse de l’aube», d’Eric Barbier avec Pierre Niney et Charlotte Gainsbourg, adaptation du fameux roman de Romain Gary et célébration d’une mère extraordinaire. Le rideau retombe une semaine plus tard avec la première nord-américaine de «La prière» de Cédric Kahn, sur une communauté religieuse pour anciens drogués, qui a valu à Anthony Bajon un prix du meilleur acteur au festival de Berlin. C’est la première édition depuis l’éclosion du scandale sur les abus sexuels du producteur déchu Harvey Weinstein, qui a donné naissance aux mouvements #MeToo et Time’s Up contre les violences sexuelles. «Nous sommes fiers de dédier la programmation de cette année aux femmes, à la fois en tant que cinéastes et dans leur rôle central dans la majeure partie des histoires sélectionnées cette année», a commenté le producteur exécutif François Truffart. «Cela fait plusieurs années qu’on met en valeur des cinéastes femmes naturellement car il y a une représentation des femmes dans l’industrie en France qui est supérieure à celle des autres pays», ajoute-t-il. Colcoa braquera aussi les projecteurs sur l’actrice et réalisatrice Mélanie Laurent («Inglourious Basterds», «Je vais bien ne t’en fais pas»). Son premier film en tant que cinéaste, «Les adoptés», sera au programme avant une discussion sur sa carrière, puis la première américaine de son dernier long-métrage, «Plonger», sur une disparition.

Changer de stratégie : Soixante-quinze films participeront à une compétition pour plusieurs récompenses, dont un prix du public, un pour le meilleur documentaire, le prix des critiques etc. Parmi les titres à l’affiche, le film primé au festival de Venise de Xavier Legrand, «Jusqu’à la garde», un thriller haletant sur un divorce au vitriol avec un enfant pris en étau. «La Fête est finie», premier long-métrage de Marie Garel-Weiss, raconte pour sa part l’amitié entre deux femmes qui luttent contre l’addiction aux drogues. Plus de la moitié des courts-métrages sélectionnés sont tournés par des réalisatrices et des tables rondes discuteront du rôle des femmes dans le cinéma français. Dans le «coin réalité virtuelle» du festival, une expérience intitulée «Uturn» (demi-tour) s’interroge sur la différence entre les sexes, en permettant au spectateur de se mettre dans la peau d’un homme ou une femme. Ce film a été créé par Nathalie Mathé, une scientifique de la Nasa devenue cinéaste et spécialiste des effets spéciaux. «Depuis cinquante ans on dit aux femmes qu’elles doivent s’adapter et apprendre à survivre pour réussir dans des secteurs dominés par les hommes comme la technologie et les médias», explique-t-elle dans un communiqué. Nathalie Mathé estime que les femmes sont encore sous-représentées et sous-estimées, ce que confirment les statistiques sur l’emploi dans les métiers du spectacle. «Il est temps de changer de stratégie. Les hommes ont besoin de considérer les problèmes de discrimination sexuelle comme le leur également», insiste-t-elle. Quelque 25.000 personnes assistent chaque année au festival, d’après ses organisateurs.