Festival international du film de Busan (Biff) : la 22ème édition débute jeudi en Corée du Sud

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La 22e édition du Festival international du film de Busan (Biff) débute jeudi en Corée du Sud avec l’ambition d’oublier les polémiques politiques et de renouer avec sa vocation 1ère de promotion du cinéma asiatique. Après une édition plombée par les controverses et les soupçons d’ingérence politique, le premier festival d’Asie espère bien se refaire une réputation et «préserver son identité», selon les mots de son fondateur et président de son comité d’organisation, Kim Dong-ho. «Bien que tous les problèmes ne soient pas réglés, nous sommes déterminés à encourager les réalisateurs asiatiques prometteurs, à soutenir les nouveaux films asiatiques et à approfondir notre rôle dans l’industrie cinématographique», assure M. Kim. Le prestigieux festival était englué dans une dispute amère avec les autorités de Busan, la ville hôte, depuis la programmation en 2014 d’un film sur la catastrophe du ferry Sewol. Ce documentaire, «Diving Bell» («Cloche de plongée») fustigeait la gestion par l’ancien gouvernement conservateur du naufrage qui avait fait 304 morts, dont 250 lycéens, en avril 2014. Le maire de Busan, Suh Byung-Hoo, qui était alors également le président du comité organisateur du Biff, s’était violemment opposé à sa diffusion. De multiples enquêtes avaient ensuite visé les membres du comité organisateur du Biff, son directeur artistique Lee Yong-Kwan avait été inculpé et acculé au départ, et les subventions publiques avaient subi des baisses inédites. Toutes choses interprétées comme des attaques contre l’indépendance du festival. Aujourd’hui âgé de 80 ans, M. Kim a été rappelé à la tête du Biff en 2015, en même temps que la co-directrice Kang Soo-yeon. Quatre groupements de cinéastes sud-coréens de 1er plan, dont la Guilde des producteurs de Corée et la Guilde des réalisateurs de Corée (DGK), avaient boycotté l’édition 2016. Et certains spécialistes en sont venus à se demander si le BIFF se relèverait. Mais force est de reconnaître que le contexte politique a changé en un an en Corée du Sud. Il y a eu la destitution de l’ex-présidente conservatrice Park Geun-Hye dans un retentissant scandale de corruption, suivie de l’élection d’un président de centre-gauche. Il y a eu également les révélations sur la «liste noire» dressée par le gouvernement de Mme Park et qui contenait 10.000 artistes trop critiques de son action. Accusés de passivité face aux ingérences politiques, M. Kim et Mme Kang ont depuis accepté de démissionner à l’issue de cette édition qui durera jusqu’au 21 octobre. Au total, 300 films seront projetés en neuf jours, y compris une centaine de 1ères mondiales. Parmi les têtes d’affiche étrangères, figurent Oliver Stone – qui dirige le jury du prix «New Currents» récompensant les premiers ou deuxièmes films de réalisateurs asiatiques – ou encore l’Américain Darren Aronofsky qui présente son thriller «Mother!». Comme chaque année, le cinéma asiatique se taille la part du lion, avec la légende hongkongaise John Woo («Manhunt»), le réalisateur japonais Hirozaku Kore-eda ou encore son confrère chinois Jia Zhangke. Un nouveau prix sera décerné cette année pour récompenser les réalisateurs asiatiques prometteurs, en hommage au cofondateur du Biff, Kim Ji-seok, décédé d’une crise cardiaque en mai lors du Festival de Cannes. «Le Biff a grandi avec les nouveaux talents du cinéma asiatique, en les encourageant et en les soutenant», a rappelé Kim Young-Woo, programmateur du festival. «Après des moments difficiles, nous continuons de penser que découvrir, mettre en avant et soutenir les jeunes talents de Corée et d’Asie est ce que nous faisons de mieux, c’est l’avenir du Biff». Le festival s’ouvre jeudi avec la première projection du thriller «Glass Garden» de la Sud-Coréenne Shin Suwon, dont le dernier long métrage, «Madonna», avait été présenté dans la section Un Certain Regard à Cannes en 2015.