Fleur PELLERIN, Ministre de la Culture et de la Communication

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Interrogée vendredi dernier à l’issue d’une table ronde sur les enjeux de la fiction française dans le cadre du Festival de la Fiction TV de La Rochelle, Fleur PELLERIN, Ministre de la Culture et de la Communication a partagé son point de vue concernant la production audiovisuelle.

 

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Faire de la France la championne en matière de productions et de fictions, est-ce une priorité pour vous ?

Fleur PELLERIN

Absolument ! Mon ambition est de faire rayonner la création française dans le monde. C’est une vraie priorité. C’est la raison pour laquelle je me suis déplacée au Festival de la Fiction TV de La Rochelle. Dans un contexte marqué par l’irruption de nouveaux entrants, je pense que la période est bonne pour que les acteurs français de la fiction – diffuseurs, producteurs ou auteurs – soient mobilisés et stimulés pour faire rayonner au mieux l’offre légale française. En ce sens, il faut miser sur une production diversifiée, une politique éditoriale ambitieuse ainsi qu’une industrialisation de la production. Je souhaite également que le cadre réglementaire soit adapté afin que nous puissions aligner tous les outils à notre disposition pour faire de la France une championne en matière de fiction TV. Je suis sûre que nous pouvons y parvenir, nous avons les talents, les auteurs, de belles entreprises de productions ainsi que de puissants acteurs de l’audiovisuel. Pour y arriver, il faudra peut-être un peu modifier certains curseurs.

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Considérez-vous l’arrivée de nouveaux opérateurs en France comme une chance ou une menace pour la création audiovisuelle ?

Fleur PELLERIN

Un peu des deux. Un nouveau concurrent innovant peut être considéré comme une menace pour les acteurs déjà en place. Les opérateurs historiques sont donc mis au défi d’ajuster plus rapidement leur offre à la fois en termes d’œuvres proposées mais aussi concernant les modalités de présentation de ces dernières. A titre d’exemple, Netflix n’est pas seulement un agrégateur de contenus. Sa force repose sur un algorithme de recommandations qui permet d’individualiser très fortement les propositions de films ou de séries en fonction des goûts de chaque spectateur. L’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché provoque aujourd’hui un «stimulus», une incitation à l’innovation pour l’ensemble des autres acteurs. Il suffit de constater l’évolution des offres de vidéos à la demande par abonnement présentées par Canal+ ou bientôt par Numericable. Les innovations proposées accroissent l’attractivité des services de S-VOD.

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Quel avenir pour  la régulation du marché de l’audiovisuel ?

Fleur PELLERIN

J’ai évoqué pendant mon allocution (à La Rochelle, ndrl) un certain nombre de modifications réglementaires qui permettront de mieux réconcilier les intérêts des diffuseurs et des producteurs dans la production de fictions. Il est vrai que la difficulté que nous avons parfois est de faire correspondre l’évolution de la réglementation au rythme des innovations qui caractérisent aujourd’hui le paysage audiovisuel avec l’arrivée de nouveaux acteurs comme Netflix, Apple TV ou Amazon. Ces derniers ne sont ni régulés, ni soumis à la réglementation. Du coup, il y a une réflexion à mener avec l’ensemble des professionnels, mais aussi avec les autorités indépendantes – CSA, CNC – sur la façon dont nous pourrions mettre davantage de régulations dans le secteur pour avoir – sans doute – plus de flexibilité. En revanche, le temps de l’application d’un décret est extrêmement long. Cela ne correspond pas forcément au cycle des affaires opérées dans le secteur actuellement.