France Inter célèbre les 60 ans du «Jeu des 1.000 euros»

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«Chers amis, bonjour» : France Inter célèbre vendredi les 60 ans du «Jeu des 1.000 euros», émission culte et plus ancien jeu radiophonique français, dont le succès auprès des auditeurs ne se dément pas. «C’est magique», s’enthousiasme Nicolas Stoufflet, qui anime depuis 10 ans le jeu, diffusé du lundi au vendredi à 12H45, et qui vient de signer avec Inter pour une 11e saison. «L’idée de départ, un jeu itinérant et dans lequel les auditeurs sont impliqués à tous les niveaux, était très bonne, et elle a évolué de manière lente, sans cassures», résume le présentateur. Les candidats, sélectionnés dans chaque localité où le jeu fait étape, doivent résoudre des questions de culture générale de difficulté progressive (bleu, blanc, rouge, banco et superbanco), proposées par les auditeurs. En outre, le public est très présent durant l’émission, notamment lorsqu’il scande «banco, banco !» et «super, super !» pour inciter les candidats à continuer. C’est Henri Kubnick qui créée cette émission culte en 1958, sous le nom de «100.000 francs par jour» : la somme (en anciens francs) que peuvent gagner les candidats, et qui équivaut à 1.800 euros (inflation comprise). Au tout début, l’émission est enregistrée sous un chapiteau de cirque, et les questions sont précédées d’une mini-chasse au trésor, les candidats devant trouver un objet dissimulé dans la ville hôte. En 1960 arrivent les nouveaux francs, et sous la houlette de Roger Lanzac (aux commandes de 1962 à 1965), «1.000 francs par jour» devient le «jeu des 1.000 francs», titre qu’il conservera pendant quatre décennies (bien que le superbanco ait fini par atteindre 5.000 francs), jusqu’au passage à l’euro en 2001. Lucien Jeunesse, présentateur au règne d’une longévité exceptionnelle (1965-1995), ritualise les messages d’introduction et d’au revoir (les fameux «chers amis, bonjour» et «à demain, si vous le voulez bien»). A son départ en retraite, le jeu connaît sa seule crise. La direction d’Inter veut mettre l’émission au rencart, mais face aux protestations des auditeurs, elle rétropédale et en confie l’animation à Louis Bozon (1995-2008). Ce dernier introduit une formule «spéciale jeunes», histoire de renouveler le vivier des candidats et des auditeurs. Nicolas Stoufflet, toujours accompagné de Yann Pailleret, qui gère la logistique et manie le métallophone dont le «ding-ding» accompagne les réponses des candidats, a quant à lui introduit un nouveau format de questions, basé sur un extrait sonore. Il fait en outre de temps à autre voyager l’émission à l’étranger, comme en 2011 où elle s’était rebaptisée le «jeu des 1.000 dollars» pour un passage à New York. D’où vient l’étonnante longévité d’un jeu qui rassemble autour d’1,4 million d’auditeurs par jour et est numéro un sur sa tranche ? «On s’intéresse au plus grand nombre, sans être démagos et tomber dans la simplification. C’est une émission culturelle, qui stimule la curiosité», avance Nicolas Stoufflet. Avec déjà un millier de communes visitées et plus de 2.000 émissions à son compteur, le présentateur ne se lasse pas d’aller au contact des auditeurs, souvent bercés par le jeu depuis leur enfance. «Partout ou l’on va, on ressent l’affection du public, qu’il s’agisse de villages de quelques centaines d’habitants, où tout le monde vient, ou de villes comme les Lilas où nous avons fait salle comble», dit-il. L’émission permet aussi de faire découvrir des coins de la France rurale et périurbaine qui se sentent parfois délaissés par les médias nationaux. Car elle démarre toujours par une petite description culturelle et géographique de la destination du jour, une rubrique très appréciée par les élus locaux. Pour fêter dignement ses 60 ans, une émission spéciale, en public et en direct de la Maison de Radio France, sera diffusée vendredi à 12H30. Des stars de France Inter, dont Charline Vanhoenecker et Léa Salamé, formeront des duos avec les candidats. Et, exceptionnellement, les vainqueurs décrocheront 2.000 euros s’ils remportent le fameux «superbanco».