Frédérique Bredin (CNC) : «La France est un des leader à l’international de l’animation»

664

Frédérique BREDIN, Présidente du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC)

Alors que le Festival International du Film d’Animation d’Annecy a débuté le 11 juin et s’achèvera le 16 juin, le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) a remis en amont la 10ème édition de son étude sur le marché de l’animation. L’occasion pour Média + de rencontrer Frédérique BREDIN, présidente du Centre national du cinéma et de l’image animée.

MEDIA +

Comment se porte le marché de l’animation ?

FRÉDÉRIQUE BREDIN

Très bien ! L’animation est une filière pleine de vitalité et qui a rencontré son public : elle génère en moyenne davantage d’entrées par film que les autres genres. En 2017, trois des dix plus grands succès de l’année sont des films d’animation («Moi, moche et méchant 3» avec 5,7 millions d’entrées à la première place du classement 2017 tous genres confondus). Avec 31 millions d’entrées, les films d’animation sortis en 2017 réalisent le troisième plus haut niveau de la décennie.

MEDIA +

Comment est placée la France ?

FRÉDÉRIQUE BREDIN

La France est l’un des leaders à l’international, et occupe la première place en Europe ! Le secteur de l’animation en France fait preuve d’un dynamisme dont tous ses acteurs peuvent être fiers : les recrutements progressent, avec plus de 700 emplois créés en 2016 et l’exportation, qui représente plus de 130 M€, est à son plus haut niveau historique. Bonne nouvelle également, la production se relocalise en France : la part des dépenses de production en France des programmes d’animation n’a jamais été aussi importante depuis dix ans (85% contre 62% en 2004). Ce sont autant d’indicateurs qui démontrent une fois encore l’excellence de la filière de l’animation en France.  Des écoles de renom, des talents réputés, et un très fort rayonnement international font également de la France un acteur majeur de l’animation.

MEDIA +

Quel rôle et quelle importance ont le MIFA dans le marché du film d’animation ?

FRÉDÉRIQUE BREDIN

Après plus de 30 ans d’existence, le MIFA a un rôle pivot dans ce secteur: le Festival du Film d’Animation d’Annecy est devenu une référence mondiale. Et la présence des acteurs clés du secteur au MIFA, où plus de 74 pays sont représentés, en fait un événement incontournable de l’industrie du cinéma d’animation. C’est également un temps fort qui permet de repérer les talents émergents et les futures tendances de l’animation.

MEDIA +

En 2017, cinq films d’animation d’initiative française ont été produits. Peut-on dire que c’est peu?

FRÉDÉRIQUE BREDIN

Non car depuis dix ans, ce sont en moyenne 8 films d’animation qui sont produits chaque année. D’autant que sur ces cinq films produits en 2017, deux sont des premiers films et deux sont des productions entièrement françaises !

MEDIA +

Le crédit d’impôt a-t-il permis une aide considérable dans le marché de l’animation ?

FRÉDÉRIQUE BREDIN

Tout à fait, le mouvement ambitieux de réforme que nous avons engagé il y a trois ans avec la réforme du fonds de soutien à l’animation et la revalorisation des crédits d’impôt, a eu un effet considérable sur la relocalisation des dépenses. Les résultats sont là : les dépenses réalisées en France dans tout le secteur de l’animation ont doublé en deux ans, soit +182M€ par rapport à 2015. De nombreuses productions ont été rapatriées en France, cela a permis à de nouveaux studios de s’implanter sur le territoire, et à des studios 100% made in France de se développer davantage.

MEDIA +

Le volume de production audiovisuelle atteint l’équivalent de 269,0 M€, un progrès des dépenses de près de 5% par rapport à 2016. Comment l’expliquer ?

FRÉDÉRIQUE BREDIN

C’est le plus haut niveau jamais atteint. La part des dépenses de production en France des programmes d’animation est à son plus haut niveau depuis dix ans. Cette amélioration s’explique par la réforme du soutien à l’animation conduite par le CNC et par le renforcement du crédit d’impôt audiovisuel.

MEDIA +

En 2017, 36 films d’animation sont sortis en salles, dont 14 en 3D. Quelle place ont les nouvelles technologies dans les films d’animation

FRÉDÉRIQUE BREDIN

Une place centrale et stratégique sans aucun doute ! Les nouvelles technologies sont au cœur de l’industrie cinéma d’animation depuis ses débuts, et font partie de son identité. Chaque évolution technique devient un nouveau support sur lequel la création va pouvoir s’appuyer. Le CNC y est très attentif, et apporte à ce titre un soutien aux industries techniques. Chaque innovation porte en elle le germe d’une nouvelle proposition artistique, et le jeune public ne s’y trompe pas puisque les 3 – 14 ans représentent 43% du public de l’animation.

MEDIA +

L’animation française est le premier genre audiovisuel à l’export. Comment l’expliquer ?

FRÉDÉRIQUE BREDIN

Oui, les programmes français d’animation ne se sont jamais autant vendus à l’étranger qu’en 2016, c’est une augmentation de près de 50% par rapport à 2015. Et le plus haut niveau historique jamais atteint. La qualité, la diversité de la production, la maîtrise du processus industriel mais aussi la «French Touch» de nos talents artistiques sont de réels atouts qui portent ce rayonnement international.