G. DORCEL (Marc Dorcel) : « On ne peut pas dire que la production X dans le monde se porte bien partout »

721

Interrogé la semaine dernière dans le cadre du MIPCOM, le marché international des contenus audiovisuels, Grégory DORCEL, Directeur général du Groupe Marc Dorcel, est revenu sur l’expansion de sa société, son business-modèle et nous livre par la même occasion son analyse du secteur.

media+

Votre chaîne Dorcel TV fête ses 10 ans. Comment se porte-t-elle ?

Grégory DORCEL

Plutôt bien ! Nous sommes arrivés avec une ambition assez simple : produire et fournir les meilleurs contenus, exclusivement européens. Dorcel TV a été lancée à un moment où il y avait des chaînes existantes sur le segment du X. Dix ans plus tard, nous sommes l’un des leaders en Europe avec plus d’1,5 million d’abonnés. La distribution est large et couvre l’ensemble de l’Europe continentale grâce à notre présence sur le câble, l’IPTV, le satellite, l’OTT, et le Web. Sur l’ensemble de nos 4 chaînes, on a plus de 80% de refresh/an soit près de 300 nouveaux lms chaque année et par antenne.

media+

A l’heure du non linéaire, une chaîne de X fait-elle figure de dinosaure ?

Grégory DORCEL

Il y a 5 à 6 ans, on pouvait se poser la question. On avait l’impression que le monde allait basculer dans le tout délinéarisé. En 2001, nous avions même lancé nos premières plateformes de VOD. C’est un système très intéressant en dépit de modèles économiques qui se cherchent toujours, notamment sur les contenus «Adulte» où le piratage fait fureur. On a aujourd’hui des taux de croissance plus forts sur le linéaire que le délinéarisé. Nos business sont très spécifiques. Ils s’empilent les uns sur les autres comme un millefeuille. Tous nos produits ont des vies très indépendantes. Depuis l’explosion des «Tubes», c’est-à-dire des sites qui diffusent de façon pirate du porno gratuitement sur le Web, la consommation de X a été multipliée par 10, et la consommation payante a progressé de 10 à 20%. Au global, le marché a été stimulé tandis que l’industrie de la VOD «Adulte» a souffert.

media+

L’industrie du porno souffre-t-elle encore beaucoup du piratage?

Grégory DORCEL

On ne peut pas dire que la production X dans le monde se porte bien partout. Les «Tubes» et le piratage ont fait énormément de mal. Il y a globalement 50% de sociétés de production qui se sont effondrées. On a pris le contre-pied il y a 8 ans, en produisant plus, et haut de gamme. Ca nous a très bien réussi car ça nous amène à racheter de nombreux petits studios.

media+

Comment s’illustrent vos investissements dans le X ?

Grégory DORCEL

Sur une chaîne thématique comme Dorcel TV, c’est un investissement de 2,8 M€ par an. Les lms de 100’ produits par Marc Dorcel disposent d’un budget situé entre 80.000 à 100.000 €. Dans notre secteur d’activité, c’est largement au-dessus de la moyenne qui est à 5.000 € les 100’. On produit une cinquantaine de lms/an ainsi qu’une centaine de shows TV et reportages comme «Enquête Très Spéciale» (30‘) sur CStar. On fournit aussi du contenu à Canal+ et Planète+.

media+

Votre public est-il transgénérationel ? Quelle est sa consommation ?

Grégory DORCEL

On a une clientèle mature avec près d’1/3 de femmes et 2/3 d’hommes. C’est pourquoi nous investissons de plus en plus dans le contenu et nos services. La consommation féminine a explosé ces dernières années. 18% des femmes majeures consomment du X au moins une fois par mois, seules. Quant à l’âge moyen du consommateur, c’est plutôt un quarantenaire. Parmi les adultes qui consomment du X en France, 52% l’ont déjà fait en couple. Là, ça devient intéressant puisque le marché devient beaucoup plus large.