Gangsters, détectives, rockers…: Johnny Hallyday a aussi eu une longue carrière au cinéma

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Il a interprété à l’écran des gangsters, des détectives et de nombreux rockers: Johnny Hallyday a aussi eu une longue carrière au cinéma, des «Diaboliques» (1954) à «Chacun sa vie» de Claude Lelouch (2017), mais peu de rôles marquants parmi sa trentaine d’apparitions sur grand écran. Tourné avec une pléiade de célébrités (Jean Dujardin, l’avocat Eric Dupond-Moretti), «Chacun sa vie», chronique d’un procès dans une ville de province le temps d’un festival de jazz, était son 3ème film avec Claude Lelouch après «L’aventure c’est l’aventure» en 1972, et «Salaud on t’aime» en 2014. C’est d’ailleurs avec «L’aventure c’est l’aventure» qu’il avait été pour la 1ère fois au festival de Cannes. Il y retournera deux autres fois, pour «Détective» de Jean-Luc Godard en compétition en 1985 et pour «Vengeance» en 2009, un polar du cinéaste hongkongais Johnnie To. Hallyday avait un peu de plus de dix ans et s’appelait encore Jean-Philippe Smet quand il est apparu parmi les pensionnaires de la fameuse institution Delasalle dans «Les Diaboliques» d’Henri-Georges Clouzot en 1954. Devenu adulte et célèbre, il a partagé la vedette ou incarné le personnage principal dans des comédies musicales ou des comédies tout court qui n’ont pas marqué les mémoires comme «D’où viens-tu Johnny?», western camarguais où il campe un chanteur yéyé mêlé à une affaire de drogue, ou plus tard «Wanted», aux côtés de Gérard Depardieu, Harvey Keitel et Renaud, «Quartier VIP» ou encore «La gamine». Plus étonnant, le réalisateur de westerns spaghetti Sergio Corbucci lui a offert le rôle d’un pistolero à la Clint Eastwood dans «Le spécialiste» en 1969. Une série B, qui ne s’appuie pas sur son statut de chanteur contrairement à la plupart des films dans lesquels il a tourné. Nombre des films qui l’ont mis à l’affiche sont aujourd’hui considérés comme des nanars: c’est le cas de «Terminus» (1987), film d’anticipation largement inspiré de «Mad Max». Et c’est l’inspecteur Harry qui lui sert de modèle pour son rôle de flic au look de «biker» dans la série télévisée «David Lansky» (1989). «La carrière d’Elvis au cinéma ressemble à mes débuts. On ne me confiait que des merdes (…) Elvis restait un rocker aux Etats-Unis, comme moi en France», a confié un jour le chanteur au magazine du «Monde». Mais Hallyday a aussi tourné avec de grands noms du 7e art à commencer par Jean-Luc Godard qui lui a offert dans son film noir «Détective» un rôle d’organisateur de combats de boxe aux prises avec la mafia. Salué par la critique, ce rôle a donné à sa carrière d’acteur une nouvelle épaisseur. En 1986, il est devenu perceur de coffres-forts dans «Conseil de famille» de Costa-Gavras, avec Fanny Ardant. Il a retrouvé en 2000 ses habits de rocker dans «Love me» de Laetitia Masson, où il partageait la vedette avec Sandrine Kiberlain. Pour Patrice Leconte, il a incarné un gangster raté et usé face à un ancien professeur de français incarné par Jean Rochefort dans «L’homme du train», sélectionné à la Mostra de Venise en 2002. Sa prestation lui vaut de nombreux éloges mais surtout en 2003, à l’âge de 60 ans, le prix Jean-Gabin saluant le meilleur espoir masculin du cinéma. En 2005, il joue de son statut d’idole dans la comédie «Jean-Philippe» de Laurent Tuel aux côtés de Fabrice Luchini. Pour ce film, il redevient Jean-Philippe Smet dans un monde où personne ne connait Johnny Hallyday. S’amusant encore et toujours de son image de vieux rocker, il distille des conseils sur la vie à un Guillaume Canet (également réalisateur du film), en pleine crise de quarantaine dans «Rock’n roll» (2017). «Le rock’n roll n’est pas mort pour ceux qui sont rock… et ne sont pas morts», assène le chanteur. «Rockeur légendaire», Johnny Hallyday, était «aussi un merveilleux acteur, qui mettait sa sensibilité au service d’un cinéma d’auteur exigeant», a réagi mercredi Frédérique Bredin, présidente du Centre national du cinéma.