La Guyane surfe sur l’effet de la série de Canal+ du même nom

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La Guyane surfe sur l’effet de la série de Canal+ du même nom, dont la saison 2 est diffusée à partir de lundi, en profitant des retombées économiques d’un tournage entièrement local et d’une plus grande notoriété sur le plan touristique. Les 8 épisodes de 52 minutes de la nouvelle saison relatent les aventures de deux chercheurs d’or en pleine forêt amazonienne, Vincent Ogier (Mathieu Spinosi) et Antoine Serra (Olivier Rabourdin). Les dommages de l’orpaillage sur les peuples amérindiens sont au centre de l’intrigue. La 1ère saison avait séduit le public début 2017.
La série «représente un apport sans conteste» à l’économie guyanaise», affirme la Collectivité territoriale de Guyane. «Les retombées dans le tissu guyanais (hôtellerie, transport, restauration), sont telles qu’il est considéré que pour un euro investi, sept fois plus sont produites au bénéfice du territoire. Ce ne sont pas moins de 5 millions d’euros qui ont été rétribués au territoire avec la saison 1», ajoute-t-elle. Pour la saison 2, sur «14 millions d’euros» de budget, «6 millions» ont été dépensés en Guyane pendant les 8 mois et demi de présence des équipes de la série créée par Fabien Nury, a expliqué le producteur exécutif Pierre-Olivier Pradinaud. C’est ce qu’on peut espérer de plus gros» pour un tournage, estime-t-il. La nouvelle saison, réalisée par Jérôme Cornuau, Julien Despaux et Olivier Panchot, aura-t-elle des conséquences sur le tourisme? «Comme elle nous vend des images merveilleuses, de l’aventure, de grands espaces, ça ne peut être que bénéfique. C’est un très bon canal pour toucher ceux qui cherchent une destination vraie», commente Thomas Saunier, président de la compagnie des guides de Guyane, qui souligne que cette destination «atypique» demeure «méconnue» en France. «Dès le début de la série, les avis étaient partagés», nuance Sonia Cippe, responsable de l’antenne parisienne du Comité du tourisme de la Guyane. «Certaines personnes nous ont dit que la violence de la série autour de la réalité de l’orpaillage leur faisait peur. Mais pour d’autres, qui ont fait la part des choses entre les images et la fiction, cela a eu un effet positif et leur a donné envie de découvrir la beauté du territoire», dit-elle. Dans le petit village de Kaw, un des lieux de tournage de la saison 1, les guides touristiques ont désormais adapté leur discours et montrent la nouvelle attraction du village : l’école du bourg, qui a servi, pour la fiction, de bar malfamé, repère d’un des protagonistes orpailleurs. Quant au chien allongé au milieu du chemin de terre, «lui aussi a joué dans la série», aiment-ils raconter, reconnaissant que si les touristes ne viennent pas à Kaw pour la série, certains commencent à s’y intéresser. Localement, la série a employé «la quasi totalité» des intermittents du spectacle de Guyane pendant le tournage qui s’est déroulé de janvier à mai 2018, soit 2.000 figurants, une quarantaine de comédiens, 70 techniciens, précise le réalisateur guyanais Marc Barrat, co-directeur de casting pour la série. «Grâce à la longueur du tournage, les techniciens ont pu se perfectionner», souligne-t-il, sur un territoire au fort taux de chômage (22%) et aux expériences cinématographiques limitées. Quant au casting, il a «révélé» des comédiens, selon M. Barrat, comme Christophe Pierre, jeune leader kali’na engagé contre l’exploitation industrielle d’or dans la forêt guyanaise, qui incarne dans la fiction un opposant à l’extractivisme. Réalité rejoignant la fiction, plusieurs dizaines d’acteurs et techniciens, dont les acteurs principaux, se sont ouvertement prononcés contre le controversé projet de mine industrielle «Montagne d’or» pendant le tournage.