H. RONY (Scam) : «La réforme de la redevance sera l’une de nos priorités pour le prochain quinquennat présidentiel»

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Hervé RONY, Directeur général de la Scam

Jeudi 9 mars au Forum des Images, la Société civile des auteurs multimédia organise le colloque AUTEURS&CO : «Nouvelle présidence, nouvelles ambitions culturelles ?». Tour d’horizon des enjeux culturels, numériques et médiatiques avec Hervé RONY, Directeur général de la Scam. 

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À quelques semaines de l’élection présidentielle, le colloque AUTEURS&CO pose les enjeux des politiques publiques en matière culturelle. Que faut-il retenir ?

Hervé RONY

Le modèle de politique culturelle en France fonctionne plutôt bien. Il est donc important de préserver les acquis, c’est-à-dire les soutiens à la production, à la diffusion et aux financements de la télévision et de la radio publique, en dépit de la crise des finances. Nous assistons aussi en région à une tendance baissière des montants des investissements dans la culture. Ce n’est pas le moment que l’Etat baisse la garde. A minima, il faut préserver les acquis et éviter ce que l’on entend parfois au Parlement ou à la Cour des Comptes, à savoir un début de remise en cause de la politique du CNC. Il est important qu’au moins 1% du budget de l’Etat soit réservé à l’action culturelle même si une partie importante des moyens d’intervention du Ministère de la Culture est concentrée sur un certain nombre d’établissements publics. L’argent disponible pour l’action culturelle nouvelle est finalement très faible.

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L’audiovisuel public a-t-il les moyens de ses ambitions ?

Hervé RONY

Je n’en suis pas si sûr. Il est de bon ton de dire que France Télévisions et Radio France ne seraient pas nécessairement bien gérés. Mais comme dans n’importe quelle entreprise, il est toujours possible d’optimiser au mieux les budgets, les économies, et de rendre les outils et le management plus performants. En comparant France Télévisions avec la ZDF, la BBC ou la NHK, vous vous apercevez que le service public français n’est pas sur-financé par rapport à ses missions. La Scam est la société d’auteurs qui porte le plus fort le débat sur la réforme de redevance. Elle consiste à élargir la contribution à l’audiovisuel public à l’ensemble des foyers fiscaux quel que soit la manière dont vous recevez la télévision. Le service public ne peut pas à la fois démultiplier les programmes, avoir une ambition sur la télévision linéaire, le numérique et s’affranchir d’une progression modérée de son financement. L’année dernière, le Ministère de la Culture a fait un tour de passe-passe en demandant aux opérateurs de télécoms de participer au financement de l’audiovisuel public. Une augmentation de 2€ de la redevance avait été envisagée mais les parlementaires ont refusé.

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Le numérique est-il au service de la culture ou l’inverse ?

Hervé RONY

Le numérique est évidemment au service de la culture. En France, le modèle de développement des médias et de la culture est fondé sur la création des œuvres pour privilégier ainsi une politique de l’offre et susciter un marché dynamique. Le numérique, c’est à la fois le meilleur et le pire. Il donne la possibilité d’accéder à des œuvres de façons illimitée. En même temps, il s’appuie sur une démarche très consumériste contre laquelle il faut lutter face à une baisse constante du prix des œuvres.

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La Scam va publier ses 10 propositions pour la culture dans le cadre de la présidentielle. Quelles sont les actions prioritaires ?

Hervé RONY

Je reviendrai notamment sur la réforme de la redevance et la contribution à l’audiovisuel public. Deuxième élément, la défense du droit d’auteur et la protection des œuvres au niveau européen. En outre, nous allons attacher de l’importance à la radio, un média qui est très peu soutenu financièrement en termes de création sonore.