Hervé MICHEL (TV France International) : « Les pouvoirs publics ont pris conscience que vendre des programmes, exporter l’audiovisuel, c’est exporter son soft power et l’attractivité du pays ».

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Hervé MICHEL, Président de TV France International

Du 9 au 13 septembre, se tenait la 24ème édition du «Rendez-Vous» à Biarritz, événement organisé par TV France International. L’occasion pour média+ de rencontrer Hervé MICHEL, Président de TV France International, pour évoquer cette dernière édition et les derniers chiffres de l’exportation des productions audiovisuelles françaises.

MEDIA +

Comment s’est passée cette 24ème édition du «Rendez-vous»  ?

HERVÉ MICHEL

Nous sommes très satisfaits. «Le Rendez-Vous» a attiré cette année 260 acheteurs étrangers venus de près de 60 pays et 67 sociétés exportatrices membres de TV France international. Concernant les visionnages, plus de 7.200 visionnages ont eu lieu sur la durée de la manifestation, un chiffre en progression par rapport à l’année dernière.

MEDIA +

Comment expliquer ces bons chiffres ?

HERVÉ MICHEL

Selon les retours des participants, exportateurs comme acheteurs, ce «Rendez-Vous» 2018 est une édition exceptionnelle par le dynamisme de ses échanges, la qualité des productions présentées et sa météo particulièrement estivale ! Comme le disent les professionnels eux-mêmes, «Le Rendez-Vous» est le marché où s’initie un grand nombre des ventes qui seront conclues au fil de la saison. Enfin, cette année, 35% des acheteurs sur le marché étaient des primo participants.

MEDIA +

Quels ont été les productions les plus visionnées ?

HERVÉ MICHEL

La série de fiction inédite «Philharmonia», diffusée prochainement sur France 2, a été le programme le plus visionné au 24ème «Rendez-Vous» de TV France International. Produite par Merlin Productions et distribuée par Lagardère Studios Distribution, «Philharmonia» a été vue par près de 50% des acheteurs présents, une première dans l’histoire du «Rendez-Vous». Suit «A Musée Vous, A Musée Moi», une série de fiction de 60X3’ produite par Cocorico et distribuée par Balanga, ou encore «La Faute», série de fictions de 4×52’ produite par VAB Productions et distribuée par SND-Groupe M6

MEDIA +

Comment s’exportent les productions françaises ?

HERVÉ MICHEL

L’ensemble des exportations (ventes, préventes, coproductions) de programmes audiovisuels représente plus de 325 millions d’euros. L’Amérique du Nord contribue particulièrement à ces bons résultats avec une augmentation de 16% de ses importations de programmes français. Concernant les genres, l’animation réalise cette année encore les meilleurs résultats à l’international, avec 37% des ventes, soit près de 76 millions d’euros. En France, il y a de grandes écoles d’animation et un savoir-faire important. Pour la fiction française, il y a eu un creux dans les années 2000. Ce genre ne prenait pas, même au niveau national où ses audiences n’étaient pas au top! Depuis quelques années, les fictions françaises reprennent de la qualité. Il y a un rythme, un savoir-faire, et de la diversité donc le succès des audiences françaises se retrouvent dans les audiences internationales. Les ventes d’œuvres de fiction ont quant à elles progressé de 27,8% pour atteindre 64 millions d’euros. Les exportations de documentaires connaissent leur deuxième meilleur résultat en 10 ans avec près de 36 millions d’euros de ventes. Ce genre remonte de 1,2% du chiffre d’affaires par rapport à l’an passé. Il y a un savoir-faire français indéniable certes mais nous constatons plusieurs problèmes. Le premier est que nous créons des documentaires à destination des Français. Nous ne pensons pas assez à l’international. Nous savons que les Anglais rencontrent le même problème avec leurs productions. Deuxièmement, nous ne faisons, majoritairement, que des documentaires unitaires ! Le public international recherche davantage des séries documentaires.

MEDIA +

La production audiovisuelle française est-elle assez soutenue ?

HERVÉ MICHEL

Le CNC a doublé son soutien aux exportateurs, de 1,7 à 3,4 millions d’euros par an, et créé de nouvelles aides pour favoriser les collaborations internationales et développer la créativité des œuvres. Les pouvoirs publics ont pris conscience que vendre des programmes, exporter l’audiovisuel, c’est exporter son soft power et l’attractivité du pays. Les programmes montrent l’art de vivre à la française et le patrimoine. Je pense par exemple à la série «Meurtre à…» sur France 3, un gros succès à l’international.

MEDIA +

Quel est le budget alloué à l’événement «Le Rendez-Vous» ?

HERVÉ MICHEL

Il est important ! Une édition coûte environ 1 million d’euros. Cela représente ¼ de notre budget. Il y a une vidéothèque de 160 postes de visionnage, des espaces de rencontres professionnelles, des soirées à thème, des débats et présentations, des milliers de repas servis, des centaines de nuitées, des navettes de transports, des animations locales, des partenariats… Mais le coût total n’est rien rapporté aux bénéfices en termes financier mais également de temps, d’organisation, et bien sûr de contacts toujours renouvelés, que retirent les exportateurs de ces 3 jours de rencontres. Et nous avons aussi pendant toute la manifestation le soutien de la Mairie de Biarritz.