Hollywood souffre d’une «épidémie d’invisibilité» chez les minorités ethniques et sexuelles ou chez les femmes

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Hollywood souffre d’une «épidémie d’invisibilité» chez les minorités ethniques et sexuelles ou chez les femmes, d’après une étude publiée lundi à quelques jours des prestigieux Oscars, fustigés pour leur manque de diversité. Des conseils d’administration aux acteurs, l’industrie du film est largement blanche, mâle et hétérosexuelle, indique une étude de l’Université de Californie du Sud (USC). «Ce n’est pas un simple problème de diversité, c’est une crise d’inclusion», estime Stacy Smith, professeur à l’USC et auteure de l’étude. Elle sort au moment où une campagne sur les réseaux sociaux assortie du mot-dièse #OscarsSoWhite menace de jeter une ombre sur la cérémonie des Oscars dimanche, apogée de la saison des prix d’Hollywood. Les 20 acteurs et actrices finalistes pour les Oscars sont tous blancs pour la deuxième année d’affilée, ce qui a déclenché une virulente polémique plaçant la vénérable Académie des arts et sciences du cinéma sous un jour défavorable. «Le mot-dièse #OscarsSoWhite (Oscars si blancs) devrait être changé en #HollywoodSoWhite (Hollywood si blanc), alors que notre étude met en lumière une épidémie d’invisibilité à travers tout le processus de narration populaire», conclut le rapport, qui a passé au peigne fin les productions américaines entre septembre 2014 et août 2015. Le manque de diversité est plus marqué au cinéma qu’à la télévision, note l’étude. Sur 11.300 personnages qui ont des répliques étudiés dans 414 films et séries télévisées, un tiers sont des femmes, et seulement 28% appartiennent à des minorités ethniques, soit bien moins que leur part dans la population globale, plus proche de 40%. Seuls 2% des personnages sont identifiés comme homosexuels, lesbiens, transgenre ou bissexuels, tandis que 74% des personnes de plus de 40 ans sont des hommes… Ce qui explique les difficultés revendiquées par les actrices hollywoodiennes de plus de 40 ans à trouver du travail. Environ la moitié des 305 séries ou des 109 films étudiés ne comportait aucun acteur ou actrice Asiatique ou d’origine asiatique, tandis que 20% d’entre eux ne comportaient aucun personnage afro-américain. Les femmes sont par ailleurs plus susceptibles que les hommes d’être montrées dans des tenues sexy ou dénudées (34,3% contre 7,6%). Derrière la caméra, les femmes se font très rares: elles ne représentent que 15% des réalisateurs, 29% des scénaristes et 23% des créateurs de séries. L’étude d’USC fait écho au Hollywood Report de l’Université de Californie, qui avait également trouvé que les minorités étaient sous-représentées dans tous les métiers de l’audiovisuel américain. Le conseil d’administration de l’Académie des Oscars, face aux accusations de racisme systémique, a annoncé qu’elle comptait doubler d’ici 2020 le nombre de ses membres féminins ou issus de minorités ethniques, qui se trouvent actuellement à 24% et 7% respectivement.