Jean-Julien BARONNET, Directeur General de Ubisoft Motion Pictures

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Créée en janvier 2011, Ubisoft Motion Pictures mise-t-elle essentiellement sur l’adaptation de jeux vidéo pour le cinéma et la TV ?

Jean-Julien BARONNET

Absolument ! Ubisoft Motion Pictures est une filiale de production appartenant à 100% à Ubisoft qui figure parmi les leaders en production, édition et distribution de jeux interactifs dans le monde. Elle a pour mission de développer des productions pour le cinéma et la TV autour des franchises de jeux d’Ubisoft. Pour ma part, je viens du monde du cinéma. J’étais le DG d’EuropaCorp, la société de Luc Besson. A l’époque, j’évoquais avec Yves Guillemot (PDG d’Ubisoft) la possibilité d’adapter ses franchises au cinéma et à la TV. Mais l’un de ses enjeux était de conserver le contrôle créatif de ses marques. C’est ce que nous faisons aujourd’hui. Généralement, lorsque vous n’êtes pas du métier du cinéma, les studios achètent vos marques et les développent selon leur bon vouloir. Vous vous retrouvez parfois avec des films comme «Prince of Persia» qui ne respectent absolument pas l’identité du jeu.

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Quelle est votre stratégie de production au cinéma ?

Jean-Julien BARONNET

Nous avons au moins quatre films en développement : «Assassin’sCreed» (New Regency) prévu en décembre 2016 avec Michael Fassbender dans le rôle titre, et Justin Kurzel à la réalisation. Autre projet, «SplinterCell» (New Regency) avec le comédien Tom Hardy. Egalement en preparation: «Ghost Recon» (Warner Bros Pictures) et «Watch Dogs» (Sony Pictures). Dans ces cas précis, nous finançons le développement. Avec les studios, nos contrats nous permettent d’avoir le «final cut». Nous choisissons également les acteurs principaux, les scénaristes et nous concevons un concept toujours différent de celui  vécu dans les jeux vidéo. Nous ne voulons pas faire des films pop-corn. Nous sommes à la recherche d’une exigence éditoriale. En choisissant le studio New Regency pour «Assassin’sCreed» et «SplinterCell», nous savions qu’ils étaient des gens orientés vers le contenu et la qualité des films. Parallèlement, avec Fox en tant que distributeur, nous disposons d’une puissance marketing importante.

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«Les Lapins Crétins» sont distribués dans 13 pays, que retenez-vous de ce succès ?

Jean-Julien BARONNET

Dans toutes nos franchises, la dimension internationale est essentielle. Avec «Les Lapins Crétins», France Télévisions était très emballé dès le départ, tout comme Nickelodeon, leader mondial des chaînes câblées pour enfants. Chaque épisode a été pensé avec une culture américaine et française. C’est ce qui est à l’origine du succès. En France, le système des auteurs est assez cloisonné. C’est pourquoi nous avons cassé les règles du jeu en créant – dès le départ – un système dans lequel scénaristes, réalisateurs, storyboarders et designers travaillent ensemble. A compter du 7 février, «Les Lapins Crétins» (78X7’) sont de retour sur France 3 pour une  2ème saison. 

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Chose intéressante, la production des «Lapins Crétins» est 100% made in France…

Jean-Julien BARONNET

Oui, c’est une production entièrement tournée en France, notamment grâce à l’aide du CNC. Au moment où je vous parle, 80 intermittents du spectacle travaillent dans nos bureaux sur la saison 2 et la saison 3. Ces équipes sont entièrement françaises. Nous avons juste sous-traité l’animation à TeamTo. Tout le reste est fait chez nous. France TV a enregistré globalement 17,4M de téléspectateurs. Aux Etats-Unis, toutes les diffusions ont généré près de 50M d’enfants. En saison 2, nous avons un rendu des images proches du long métrage. Le budget de la série est de 9M€.

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Mais pour les films, tout est fabriqué à l’étranger…

Jean-Julien BARONNET

Concernant les films, nous serions prêts à les fabriquer en France. Le problème c’est que les aides des autres pays sont supérieures à celles de la France. «Assassin’sCreed» qui dispose pourtant de plus de 100M$ de budget, sera tourné en Europe. J’espère que l’évolution des crédits d’impôts en France nous permettra un jour de tourner dans l’Hexagone. Mais pour les séries d’animation, le CNC propose des aides très compétitives.

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Pourriez-vous produire des productions qui ne sont pas des franchises Ubisoft ?

Jean-Julien BARONNET

Aujourd’hui, nous nous focalisons sur l’adaptation de franchises mais nous prenons doucement le train de la création originale. Nous avons un projet de série TV internationale qui va utiliser les «asset» d’un jeu (décors, éléments graphiques,…) qui seront alliés à une marque.